Brouilleur à éclat EIREL

De la même manière que je dessine certaines tourelles avant de les intégrer plus tard sur des véhicules, il me faut aussi dessiner certains systèmes et composants.

Ici, il s’agit du brouilleur à éclat EIREL développé par GIAT (maintenant Nexter) et Matra Defence. Il est compliqué de trouver des informations complètes et fiables sur ce genre d’équipement, mais j’ai prévu de l’utiliser sur certains designs à venir.

Selon Matra Defense Equipment & Systemes, l’EIREL peut être installé rapidement sur la plupart des véhicules blindés de combat et qu’il est très facile à utiliser. Le dispositif de brouillage IRCM (InfraRed Counter Measure) est normalement monté sur le toit ou le côté du char pour couvrir l’arc frontal, le boîtier de commande est monté à l’intérieur de la tourelle. L’EIREL est connu pour avoir équipé les AMX-10 RC. Le système a aussi été utilisé sur les AMX-30B2 « Golfe » durant l’opération Daguet.

Ce dispositif comprenant dix petits phares infrarouges brouille les systèmes de guidage SACLOS[1] utilisant un filoguidage ou un radioguidage entre le missile et le poste de tir. Le viseur du poste de tir de type SACLOS calcule la différence angulaire de direction entre la position du missile et la position de la cible (écartométrie). La position du missile est déterminée via un marqueur infrarouge situé à l’arrière de son fuselage. Le logiciel du poste de tir mesure l’écart entre le missile et la cible, et envoie les commandes de guidage au missile pour qu’il modifie sa trajectoire et reste sur la ligne de visée jusqu’à l’impact. Les lampes infrarouges de l’EIREL lorsque le pointage infrarouge émis par un post de tir est détecté, l’EIREL s’oriente automatiquement dans sa direction et éblouissent la caméra infrarouge du poste de tir et empêche le logiciel de faire l’écartométrie entre le marqueur infrarouge du missile et la ligne de visée maintenue par le tireur.

L’EIREL a une portée minimale de brouillage d’environ 50 m, ce qui signifie qu’un missile tiré à une distance inférieure à 50 m n’aura pas le temps d’être brouillé. Son arc de protection est d’approximativement 60° à l’horizontale et de 120° à la verticale.

L’EIREL a évidemment des désavantages. Son utilisation en combat nocturne rend le véhicule que l’utilise extrêmement visible aux systèmes de vision infrarouge. Utilisant des lampes, l’EIREL est plutôt fragile. De plus, elles s’usent relativement. Aussi, les missiles antichars ont évolué pour se protéger de ce type de brouillage. Par exemple, le TOW-2 américain utilise un marqueur à émission bibande IR et xénon visible proche UV l’immunisant contre les systèmes IRCM.

Dans le cas de l’application AMX-1ORC, l’EIREL est monté sur le côté gauche de la tourelle. Il est alimenté par une alimentation embarquée de 28 V CC, bien qu’il existe différentes versions en fonction de l’alimentation disponible sur le véhicule.

Il existe deux méthodes de fonctionnement. La première, lorsque le véhicule est à l’arrêt, le brouilleur émet dans une direction fixe, généralement sur l’arc frontal et en ligne avec l’armement principal. La seconde, lorsque le véhicule est en mouvement, le brouilleur émet en effectuant un balayage horizontal optimisé afin d’augmenter considérablement la zone protégée.

Airbus Defence (EADS à l’époque) a conçu un EIREL NG faisant partie de la suite Multifunctional Self protection System (MUSS, Multifunktionales Selbstschutz-System) qui est notamment utilisée sur l’IFV Puma. Côté français, GIAT puis Nexter ont continué à développer ce genre de capacité avec les différentes propositions et itérations du KBCM (Kit Basique de Contre-Mesures).


Source : Army Guide, Defense Update


[1] Semi-automatic command to line ou commande semi-automatique sur ligne de visée.

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