Extraits Wikipédia.
La campagne d’Allemagne de 1945 désigne souvent dans les livres d’Histoire français les opérations militaires de la Seconde Guerre mondiale menées par les Alliés depuis le franchissement du Rhin, jusqu’à la capitulation allemande. Les Alliés occuperont toute la moitié occidentale de l’Allemagne, de la mer Baltique au Nord jusqu’à l’Autriche au Sud, ainsi que le plateau tchèque.
L’historiographie militaire américaine a baptisé cette campagne la « campagne d’Europe centrale ».
Les opérations prennent fin le 8 mai 1945, date qui marque la capitulation allemande et la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’Allemagne sera alors divisée entre les 4 grandes puissances alliées : la France, le Royaume-Uni, les États-Unis et l’URSS.
Contexte
Au début de l’année 1945, le cours de la guerre devient définitivement favorable aux forces alliées. Sur le Front de l’ouest, à la fin du mois de janvier, les Alliés ont déjà un pied en Allemagne ou ils affrontent la Wehrmacht à Aix-la-Chapelle. Durant l’hiver, les Allemands ont grandement modifié leur ordre de bataille pour tenter de contenir l’avancée soviétique à l’est. Sur le front de l’est, la rupture du front de la Vistule et les combats menés par la Wehrmacht en Hongrie contribuent à acculer davantage l’Allemagne.
Ainsi, les succès soviétiques de l’hiver 1944-1945 incitent les responsables militaires allemands à mettre en défense l’Oder, dernier grand obstacle naturel à l’est de Berlin. L’OKW se montre favorable à la concentration de tous les moyens disponibles de la Wehrmacht sur le front de l’est. Vingt-huit divisions, ainsi qu’une majeure partie de l’armement lourd (blindés et artillerie lourde) et des moyens aériens, sont ainsi prélevées du front occidental et du front méridional pour être envoyées sur le front de l’Oder. Les divisions du front de l’ouest ne reçoivent presque plus aucun matériel et sont donc privées d’une bonne partie de leurs réserves de matériel, carburant et munitions.
Force en présence
Forces alliées :
Début 1945, le commandant suprême des Forces alliées, le Général Diwght D. Eisenhower, dispose de 79 divisions sous son commandement dans l’Europe du Nord-Ouest : 54 divisions d’infanterie, 20 divisions blindées et 5 divisions aéroportées. 49 de ces divisions sont américaines, 12 britanniques, 8 françaises, 3 canadiennes et 1 polonaise. Onze autres divisions américaines débarquent en Europe dans courant février, parallèlement à un renforcement des divisions des autres puissances alliées et, au moment où commence l’assaut sur l’Allemagne, Eisenhower peut compter sur un total de 90 divisions complètes, parmi lesquelles 25 divisions blindées.
Le front allié le long du Rhin s’étire sur près de 720 kilomètres des Pays-Bas jusqu’à la Suisse.
Les troupes alliées le long du front sont organisées en trois Groupes d’armées. Au Nord, de la mer du Nord jusqu’à une quinzaine de kilomètres du nord de Cologne, c’est le 21ème Groupe d’armées britannique qui tient le front, sous le commandement du Maréchal Bernard Montgomery. Au sein de ce Groupe d’armées, la 1ère Armée canadienne — aux ordres du Général Harry Crerar — assure le flanc gauche de Montgomery, la 2ème Armée britannique de Miles Dempsey est au centre et la 9ème Armée américaine dirigée par le Général William Hood Simpson tient le Sud.
Touchant la 9ème Armée, le 12ème Groupe d’armées américain, sous l’autorité du Général Omar Bradley, tient le front jusqu’à un point situé à quelque 25 kilomètres au sud du Main. Bradley dispose de deux armées, la 1ère Armée de Courtney Hodges au Nord et la 3ème Armée de Georges Patton au Sud. Complétant le front allié au Sud et jusqu’à la frontière Suisse se trouve le 6ème Groupe d’armées américain sous les ordres du Général Jacob L. Devers, composé au nord de la 7ème Armée commandée par le Général Alexander Patch et de la 1ère Armée française du Général Jean de Lattre de Tassigny sur le flanc sud.
Forces allemandes :
Sur leur ligne de front, les Alliés font face aux troupes de l’Oberbefehlshaber West du Maréchal Erwin Rommel.
La Wehrmacht aligne sur le front Ouest, malgré les ponctions opérées pour la défense de l’Oder, 480 000 soldats, soit 65 divisions sous équipées, ou encore un quart des unités de l’armée de terre allemande à cette date. Ces divisions comptent théoriquement 8 000 hommes, mais leur valeur combative doit nécessairement être réduite de moitié, en raison de l’inexpérience des hommes qui les composent. Ces derniers sont exténués, trop jeunes, et surtout manquent d’artillerie lourde et de blindés. L’âpreté des combats à l’ouest du Rhin, à laquelle s’ajoutent les effets des désertions et des redditions, contribue à amputer ces forces des trois quarts de leurs effectifs au cours des mois de février et de mars 1945 : 200 000 soldats (dont 50 000 tués) sont ainsi perdus pour la Wehrmacht à l’ouest du Rhin. Une petite partie des pertes est compensée par l’appel à la Volkssturm et par des marins et aviateurs reversé à la Wehrmacht, mais la présence de ces combattants, inexpérimentés, n’est pas en mesure de compenser les pertes essuyées.
Le Volkssturm |
Le Volkssturm (que l’on pourrait traduire par Tempête du Peuple) est le nom donné à la milice populaire allemande levée en 1944 et qui devait épauler la Wehrmacht dans la défense du territoire allemand à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à la manière de la Home Guard britannique de 1940. Le projet d’une mobilisation militaire totale du peuple allemand remonte aux suggestions du Général Heinz Guderian de l’été 1944 qui vit à la fois le débarquement de Normandie et le début de l’opération Bagration. L’idée était de susciter une levée d’armes populaire fanatisée dans la lignée du Landsturm de 1813 qui libéra la Prusse de l’occupation napoléonienne. Il prévoyait un appel sous les armes de tous les hommes valides de 16 à 60 ans dans des unités régionales qui épauleraient les forces armées « traditionnelles » dans la défense locale. Les prisonniers politiques et juifs allemands libérés des camps furent engagés de force dans le Volkssturm et la Wehrmacht. |
Par ailleurs, comme l’ensemble des soldats allemands à ce stade de la guerre, les soldats stationnés sur le front de l’Ouest connaissent une crise de moral, mais demeurent encore fortement soumis à leur hiérarchie. Cette crise de moral se manifeste par une hâte de voir la fin des combats. Elle voit aussi la reddition d’unités complètes face aux Alliés, la reddition massive de membres du Volkssturm, le refus de monter au combat et des désertions massives.
Les seuls renforts reçus par le Maréchal Rommel sont les divisions de volontaires étrangers. Les Allemands préfèrent les faire combattre à l’ouest pour leur éviter un sort funeste en cas de capture par les Soviétiques.
Aucun renfort n’est à attendre en raison du fait que le haut commandement allemand concentre toutes ses ressources à l’est, face aux Soviétiques — des chercheurs estiment qu’en avril 1945, on compte plus de 210 divisions allemandes sur le front de l’Est.
Au fil des combats, de plus en plus d’unités allemandes abandonnent le front, rendant sa cohésion de plus en plus problématique dans le cadre d’un conflit perçu comme de plus en plus vain. Pour tenter de s’opposer à ces désertions, Rommel met en place une unité motorisée spécialement chargée de ramener sur le front ces soldats et encourage le développement des cours martiales mobiles, tandis que ses subordonnés rivalisent d’inventivité pour maintenir leurs hommes sur le front. Mais toutes les contre-mesures destinées à maintenir le front se révèlent majoritairement inefficaces devant les succès des Alliés : dans la poche de la Ruhr, des unités entières désertent le Groupe d’armées B de Von Runstedt, qui est impuissant devant l’ampleur du phénomène.
Les légions de volontaires de la Wehrmacht
Sous le régime nazi, la SS a constitué plusieurs divisions dont les effectifs étaient d’origine étrangère. Après l’assassinat d’Hitler et la dissolution de la SS, ces unités passent sous le contrôle de la Wehrmacht et sont surnommées les « Légions ». Après le massacre des légionnaires lettons par l’Armée rouge dans la Baltique, l’OKW transfère la majorité des légions sur le front de l’ouest.
Le Groupe d’armées G reçoit le renfort des unités suivantes :
- 34ème Division de Grenadier Landstorm Nederland (volontaires néerlandais).
- 33ème Division de Grenadier Charlemagne (volontaires français).
- 28ème Panzerdivision Wallonne (volontaires belges wallons).
- 27ème Division de Grenadier Langemarck (volontaires belges flamants).
- 11ème Panzergrenadier Nordland (volontaires scandinaves).
Le Groupe d’armées B reçoit le renfort des unités suivantes :
- 18ème Panzergrenadier Division Horst Wessel (volontaires hongrois).
- 22ème Division de cavalerie Maria Theresa (volontaires hongrois).
Les civils durant la campagne
Conformément aux directives de l’OKW, les civils doivent faire l’objet de mesures d’évacuation des régions envahies par les unités alliées. Cependant, il est décidé d’inciter les civiles à partir vers l’ouest, car ils seront mieux traités par les Alliés que par les Soviétiques. Il est espéré que les colonnes massives de réfugiés ralentiront l’avancée des Alliés.
Au fil des semaines, en dépit des exhortations à la résistance, les civils manifestent de diverses manières leur opposition à la prolongation du conflit : drapeaux blancs aux fenêtres et exhortations aux soldats à cesser le combat. Mais, dans certains cas, notamment en Rhénanie, des habitants de certaines villes et certains villages, minoritaires, se livrent à un certain nombre de sabotages de faible importance, coupant les fils électriques et les câbles téléphoniques.
Opérations Veritable et Grenade
Articles détaillés : Opération Veritable, Opération Grenade
L’opération Veritable constitue la partie nord du mouvement de prise en tenaille de l’armée allemande réalisée par le 21ème Groupe d’armées dirigé par le Maréchal Bernard Montgomery pour libérer la région comprise entre le Rhin et de la Roer. L’opération Grenade est le mouvement Sud de cette prise en tenaille. Ces opérations se déroulent du 8 février au 11 mars 1945.
Le Général Dwight Eisenhower, commandant des forces alliées décide que la meilleure route pour envahir l’Allemagne était de passer par la région relativement plate du nord de l’Europe. Cela nécessite pour les forces alliées de contrôler les deux rives du Rhin sur toute sa longueur. Cependant, la préparation pour ces opérations dut être retardée à cause de la bataille d’Aix-la-Chapelle.
Lors de ces opérations, le 21ème Groupe d’armées est constitué de :
- La 2ème Armée britannique (Lieutenant-Général Miles Dempsey) qui tiendrait le flanc nord.
- La 1ère Armée canadienne (Général Harry Crerar), renforcée, avancerait à travers la forêt du Reichswald.
- La 9ème Armée américaine (Lieutenant-Général William Simpson), exécuterait l’opération Grenade, le mouvement Sud de la prise en tenaille.
Le Reichswald[1] est une zone boisée proche de la frontière germano-néerlandaise, entre le Rhin et la Meuse, à l’est de Nimègue. Au moment de l’opération, le terrain est boueux et difficilement praticable pour les véhicules à roues ou tractés.
L’opération Veritable commence le 8 février 1945 et le jour suivant les Allemands détruisirent le plus gros barrage sur la Roer, inondant toute la vallée. Le lendemain, ils inondent un peu plus la vallée en détruisant les barrages en amont de la Roer et de l’Urft. La rivière s’éleva de 60 centimètres en une heure et la vallée en aval de la Meuse reste inondée durant environ deux semaines.
L’opération Grenade débute le 8 février 1945 afin de soutenir l’offensive canadienne. Toutefois, la destruction des barrages en amont par les Allemands met un frein à l’opération. Cette manœuvre est anticipée par le 12ème Groupe d’armées du Général Omar Bradley qui parvient à capturer plusieurs barrages à temps avant leur inondation.
La 2ème Armée britannique et la 1ère Armée canadienne continuent à progresser malgré d’âpres combats le long d’une étroite bande de terre entre la Meuse et le Waal à l’est de Nimègue, mais la 9ème Armée américaine doit attendre trois semaines que les eaux se retirent. L’avance de l’armée canadienne constitue la bataille du Reichswald.

Profitant des deux semaines d’inondation, Rommel autorise Gerd von Rundstedt à se retirer derrière le Rhin. Cela ne retarde que légèrement l’inévitable encerclement du Groupe d’Armées B dans la poche de la Rhur.
Opération Blizzar, Monsson et Comet
Articles détaillés : Opération Blizzar, Opération Monsson, Opération Comet
Ces opérations combinées sont menées par le Général John R. Hodge, commandant du 24ème Corps d’armée (7ème, 96ème Divisions d’infanterie, 5ème et 6ème Divisions de Marines, 11ème Division aéroportée). Blizzar désigne l’attaque frontale des deux divisions d’infanterie contre la 15ème Armée allemande qui tient un arc entre La Haie, Utrecht et Arnhem. L’opération Monsson désigne le débarquement des Marines entre La Haie et Amsterdam. L’opération Comet est le parachutage de 11ème Division aéroportée entre Leyde, Amsterdam et Utrecht.
Ces opérations se déroulent en parallèle des opérations Veritable et Grenade.
Le 8 février 1945, Blizzar est lancée. Malgré une grosse préparation d’artillerie préliminaire, la 15ème Armée du Général von Zangen encaisse le choc initial.
Le 9 février 1945, les opérations Monsson et Comet sont lancées. Les Marines de la 6ème Division débarquent quasiment sans opposition et font leur jonction avec les parachutistes de la 11ème Division avant la fin de la journée. Une percée du 24ème Corps d’armée est difficilement contenue par les Allemands au sud-est d’Utrecht. Le Maréchal Rommel autorise von Zangen à utiliser les « légionnaires » français, belges, néerlandais et scandinaves comme unités de retardement pour que la 15ème Armée puisse reculer vers la Rhur. Les « légionnaires » reçoivent l’autorisation de capituler dès que la 15ème Armée sera dégagée.
Le 10 février 1945, les Américains pénètrent dans les faubourgs d’Amsterdam et La Haie. Les deux villes tombent le 11. Pendant ce temps, la 15ème Armée est parvenue à se désengager et recule vers l’Allemagne.
Le 15 février 1945, les légionnaires de la Wehrmacht sont encerclés. Ils capitulent le 18 février, mais la 15ème Armée a pu s’échapper.
Opération Lumberjack
Articles détaillés : Opération Lumberjack, Bombardement de Cologne
Le 21ème Groupe d’armées britanniques ayant fermement pris position sur la rive du Rhin, le Général Bradley et son 12ème Groupe d’armées américain préparent l’opération Lumberjack. Le plan est d’attaquer avec la 1ère Armée en direction du Sud-est vers le confluent du Rhin et de l’Ahr, puis de s’orienter au Sud pour aller à la rencontre de la 3ème Armée du Général Patton, qui ferait dans le même temps mouvement au Nord-est à travers l’Eifel. L’objectif est de prendre Cologne, de sécuriser le secteur de Coblence et d’amener le 12ème Groupe d’armées aux rives du Rhin sur toute la zone au nord de la Moselle. Le 12ème Groupe d’armées espère aussi encercler un grand nombre d’Allemands.
Durant l’opération, les 1ère et 3ème Armées sont confrontées à la 15ème Armée et à la 5ème Panzerarmee de la Wehrmacht.
Bradley lance l’opération Lumberjack le 1er mars 1945. Au Nord, la 1ère Armée exploite rapidement la tête de pont sur l’Erft pour entrer à Euskirchen le 5 mars, puis dans les faubourgs de Cologne le 7 ou ils sont stoppés par la 5ème Panzerarmee et 15ème Armée. En parallèle, la 3ème Armée avance dans l’Eifel jusqu’au Rhin. L’avancée des troupes américaines varie de 15 à 60 kilomètres.
En arrivant aux abords de Remagen, la 9ème Division blindée découvre contre toute attente que le pont ferroviaire est toujours debout. L’assaut est mené immédiatement et le pont est pris le 7 mars, bien que les défenseurs allemands aient tenté de le dynamiter. Les Alliés ont finalement une tête de pont sur le Rhin.
Les jours suivants, les Allemands tentent désespérément de détruire le pont, mais sans succès. Le Général Eisenhower demande alors à Bradley de faire traverser cinq divisions pour tenir la tête de pont, mais ne laisse pas la 12ème Armée pousser son avantage dans l’immédiat. Au contraire, le 13 mars, il ordonne de limiter l’étendue de la tête de pont de Remagen à 40 km de large et à 16 km de profondeur. Le pont s’écroule finalement le 17 mars, mais entre-temps, les Alliés ont construit un pont flottant en parallèle.
La poche de Cologne se forme en parallèle. La 5ème Panzerarmee s’est repliée et la 15ème Armée est encerclée le 12 mars. Cologne subit alors un bombardement intense de l’aviation et de l’artillerie américaine. Dans ma nuit 25 au 26 mars 1945, un raid de B-29 largue des milliers de bombes incendiaires. Apprenant la nouvelle, le Maréchal Rommel autorise le Général von Zangen à capituler, ce qu’il fait le 26 mars 1945.
Opération Understone
Article détaillé : Opération Understone
L’opération Undertone oppose principalement le 6ème Groupe d’armées des États-Unis du Général Jacob Devers (la 1ère Armée française et la 7ème Armée américaine) au Groupe d’armées G de la Wehrmacht du Maréchal Günther von Kluge.
Mise au point par Dwight Eisenhower le 13 février 1945, elle a pour objectif de sécuriser la rive occidentale du Rhin au nord de la Moselle (secteur entre Sarrebruck et Haguenau dans la région du Palatinat rhénan) et est fixée au 15 mars 1945, devant débuter seulement après que le 21ème Groupe d’armées britanniques ait atteint le Rhin.
Prenant en compte que les Allemands sont déterminés à défendre la ligne Siegfried, il est décidé de bombarder massivement les positions allemandes avant que l’assaut de la 7ème Armée US du Général Alexander Patch et de la 1ère Armée française de Jean de Lattre de Tassigny en direction de Lauterbourg puisse débuter.
L’opération terrestre est préparée par les avions alliés du 12ème Tactical Air Command au nord de l’Alsace et de la Lorraine le 14 mars, détruisant les routes à l’ouest de Mouterhouse tandis que les bombardiers de la 8ème USAAF bombardent les fortifications allemandes de la ligne Siegfried.
Le 16 mars 1945, soutenues par la 3ème Armée américaine qui parvient à couper les lignes de communication allemandes, les troupes d’Undertone percent les défenses allemandes, parsemées de bunkers et de casemates, progressant jusqu’au Rhin dans le secteur de Karlsruhe en seulement dix jours. Les Français de la 3ème Division d’infanterie algérienne progressent initialement très peu, étant bloqués par les champs de mines et les nids de mitrailleuses allemands à Oberhoffen-sur-Moder.
Le 17 mars 1945, date du franchissement de la Moselle par les Américains, Bitche et Haguenau sont libérées. Le 21 mars, ce sont Wissembourg et Lauterbourg qui sont libérées ainsi que l’ensemble du nord du Bas-Rhin et de la Moselle. La France est entièrement libérée, hormis la poche de Dunkerque.
Le même jour, les Allemands font sauter l’ensemble des ponts qu’ils tiennent encore sur le Rhin. Cela coïncide avec l’effondrement du pont de Remagen. En revanche, les Alliés sont parvenus à faire passer 18 bataillons de l’autre côté du fleuve.
Le 23 mars 1945, la Luftwaffe tente désespérément de mettre un frein à la progression alliée en envoyant 300 avions, dont des chasseurs à réaction Messerschmitt Me 262 du Jagdverband 44 qui infligent des pertes mineures aux Américains. Les Allemands revendiquant avoir abattu 25 avions et le 19ème Tactical Air Command de l’US Air Force affirme avoir abattu 8 avions allemands. Les troupes françaises de la 3ème Division d’infanterie algérienne et un groupe de combat de la 5ème Division blindée sous le commandement de Jean de Lattre de Tassigny avancent quant à elles jusqu’à 19 kilomètres derrière la Lauter vers Bienwald, une importante forêt où étaient implantés des dispositifs de la ligne Siegfried, à savoir des bunkers, des tranchées et d’autres obstacles, défendus par des éléments de la 257ème division de Volksgrenadiers et de la 905ème division d’infanterie d’entraînement. Les deux unités se rendent le lendemain matin.
Le 27 mars 1945, l’opération est considérée comme un succès, les troupes allemandes du Palatinat rhénan battent en retraite pour se redéployer sur la rive orientale du Rhin. La 7ème Armée américaine et la 1ère Armée française capturèrent environ 22 000 soldats allemands pendant l’opération, tandis que la 3ème Armée américaine (dont les pertes s’élèvent à 5 200 blessés et 687 tués) estime que les Allemands ont perdu 115 000 hommes prisonniers inclus.
La fin et le succès imminent d’Undertone voient le déclenchement des opérations Plunder et Varsity qui permettent d’entrer proprement dit en Rhénanie-du-Nord–Westphalie, au cœur de l’industrie de guerre allemande et d’encercler la Wehrmacht dans la poche de la Ruhr. La victoire de Devers permet aux armées alliées de mettre le pied sur la rive occidentale du Rhin, le long de la frontière avec l’Allemagne.
Opération Plunder et Opération Varsity
Articles détaillés : Opération Plunder, Opération Varsity
Les succès emportés par les opérations Veritable, Lumberjack, Grenade et Undertone permettent aux Alliés d’occuper rapidement le territoire allemand sur la rive gauche du Rhin.
Commencée dans la nuit du 23 mars 1945, l’opération Plunder consiste à faire traverser le Rhin, la Wesel et le Sud du canal de Lippe par la 2ème Armée britannique du Lieutenant-Général Miles Dempsey (opérations Turnscrew, Widgeon et Torchlight) et la 9ème Armée américaine du Lieutenant-Général William Simpson (opération Flashlight) entre les villes de Xanten et Rees. Le 18ème Corps aéroporté, formé par la 6ème Division aéroportée britannique et par la 17ème Division aéroportée américaine, mène l’opération Varsity. Toutes ces formations faisaient partie du 21ème Groupe d’armées commandé par le Maréchal Bernard Montgomery.
Dans la nuit du 23 au 24 mars, 4 000 canons bombardent les positions allemandes pendant 4 heures. Toute la journée et toute la nuit, les bombardiers britanniques attaquent les concentrations de troupes allemandes autour de Wesel. Les Highlanders de la 51ème Division d’infanterie et des éléments de la 154ème Brigade traversent le Rhin près de Rees.

Le 24 mars, la 2ème Division blindée américaine établit des ponts au sud de Wesel et entame sa traversée. Les Écossais de la 15ème Division d’infanterie traversent le Rhin entre Wesel et Rees. Les Américains des 30ème et 79ème Divisions d’infanterie traversent le fleuve dans la même zone que la 2ème Division blindée.
Dans les premières heures de la journée, les avions de transport chargés des deux divisions aéroportées qui composent le 18ème Corps décollent de leurs bases en Angleterre et en France et se rencontrent au-dessus de Bruxelles, avant de se diriger au Nord-est pour les zones de parachutage. Cette immense armada s’étend sur plus de 320 km dans le ciel et est protégée par plus de 2 000 avions. À 10 heures, les troupes aéroportées amorcent le parachutage en sol allemand, quelque 13 heures après le début de l’opération Plunder.

Tous les objectifs qui avaient été fixés aux troupes aéroportées sont pris, quelques heures après le début de l’opération. Les ponts sur l’Ijssel sont pris, bien que l’un d’entre eux ait plus tard été détruit pour empêcher sa capture par les forces allemandes qui contre-attaquaient. Les routes par lesquelles les Allemands auraient pu envoyer des renforts ont été coupées. Enfin, Hamminkeln, la commune qui dominait la région et par laquelle devait passer toute avancée, a été sécurisée. À la tombée de la nuit du 24 mars 1945, la 15ème Division d’infanterie écossaise rejoint des éléments de la 6ème Division aéroportée et à minuit, un premier pont léger est construit sur le Rhin. Le 30 mars, 12 ponts pouvant soutenir de l’armement lourd sont installés sur le Rhin et les Alliés disposent de 14 divisions sur la rive orientale du Rhin, jusqu’à 16 km à l’intérieur des terres. Selon le Major-Général Fiebig, officier commandant la 84ème Division d’infanterie, les forces allemandes qui défendaient la région furent très surprises de la vitesse avec laquelle les deux divisions aéroportées parachutèrent leurs troupes, expliquant que leur apparition soudaine eut « un effet dévastateur » sur les défenseurs, en infériorité numérique. Il révéla, au cours de son interrogatoire, que sa division avait été gravement réduite et qu’elle ne comptait plus que 5 500 hommes.
Le 27 mars 1945, Churchill en personne franchit le Rhin symbolisant l’entrée des troupes alliées en Allemagne. Les défenses le long du Rhin sont détruites et les Alliés envahissent la région industrielle de la Ruhr, privant l’Allemagne de ses usines de fabrication de chars, la Ruhr étant le cœur de l’industrie de guerre allemande.
L’opération est un succès et dès le 30 mars 1945 les Alliés établissent une solide tête de pont de 55 km de large et 30 km de profondeur sur la rive orientale du Rhin. Les troupes allemandes sont dès lors encerclées dans la poche de la Ruhr.
Il s’agit de la première traversée du Rhin en bateau par une armée depuis l’époque de Napoléon Bonaparte.
La poche de la Rhur
Article détaillé : Poche de la Rhur
Après avoir traversé le Rhin, les deux groupes d’armées se déploient en éventail. Au Sud, la 1ère Armée se dirige vers le Nord-est et forme la pince Sud de l’encerclement de la Ruhr. Au Nord, la 9ème Armée américaine qui est rattachée au 21ème Groupe d’armées de Montgomery se dirige vers le Sud-est, formant la pince Nord.
Face aux armées alliées, les restes d’une Wehrmacht désintégrée, quelques unités d’entraînement et un grand nombre de Volkssturm.
Les éléments de tête des deux pinces font leur jonction le 4 avril 1945, près de Lippstadt. Le 7 avril, l’encerclement est complet et la 9ème Armée américaine revient sous le commandement du 12ème Groupe d’armées de Bradley. Dans cette poche de la Ruhr, environ 480 000 soldats allemands du Groupe d’armées B et des millions de civils sont pris au piège dans des villes largement en ruines à cause des nombreux bombardements.
Alors que les principales opérations se poursuivent vers le Nord et le centre de l’Allemagne, les forces américaines présentes se concentrent sur la poche, la réduisant secteur par secteur. Le 21 avril 1945, les 1ère et 9ème armées coupent la zone depuis le sud vers le Nord. Le plus petit secteur à l’est se rend le 24 avril. Le secteur à l’ouest continue de résister jusqu’au 27 avril 1945 lorsque Von Runstedt annonce la capitulation du Groupe d’armées B.
Opération Chastity
Article détaillé : Opération Chastity
Après la formation de la poche de la Rhur le 7 avril 1945, le Général Bradley comprend que les Allemands ne sont plus en état de résister. Avec l’accord d’Eisenhower il prépare à la hâte l’opération Chastity dont l’objectif est de prendre Prague tout en ouvrant la route vers Munich, Nuremberg et l’Autriche afin d’enfermer les restes du Groupe d’armées G et du front Sud dans une poche géante.
L’opération est confiée au 6ème Groupe d’armées du Général Devers. La 3ème Armée de Patton doit ouvrir la route à la 7ème Armée américaine et à la 1ère Armée française. Elles doivent prendre Munich et Nuremberg pour bloquer les Allemands pendant que Patton fonce sur Prague. Eisenhower veut s’assurer que l’Union soviétique ne cherchera pas à annexer le plateau tchèque.
Initialement, les troupes allemandes de Von Kluge semblent capables d’opposer une forte résistance. Elles sont moins désorganisées et ont subi moins de pertes que le Groupe B. Pourtant, après la formation de la poche de la Rhur, l’OKW semble vouloir faciliter l’avancée des Alliés espérant sauver le plus de territoire d’un éventuel contrôle soviétique. Ainsi, toutes les grandes villes du sud de l’Allemagne, défendu par le Groupe d’armées G, seront déclarées villes ouvertes à l’approche des Alliés. Ce que les Allemands ignorent c’est que le partage de leur pays est déjà décidé.
Les 1ère et 7ème Armées traversent le Rhin au Sud le 19 mars 1945. Stuttgart est déclaré ville ouverte le 23 mars. Deux jours plus tard, les deux divisions de la « Légion hongroise » se rendent à la 1ère Armée de Tassigny au Sud-ouest de Stuttgart. Il faut 7 jours à la 45ème Division d’infanterie américaine pour prendre Aschaffenburg (à 50 km à l’est du Rhin) le 4 avril. Au Sud, les Allemands opposent une grosse résistance au 7ème Corps américain pour la prise d’Heilbronn qui tombe le 14 avril. Le même jour, la 7ème Armée de Devers se lancent dans la profondeur. Le but est d’écraser les Allemands le plus vite possible et laisser le nettoyage aux unités d’arrière-garde. Le 21 avril, Devers entre victorieux dans Munich déclaré ville ouverte ou il marque une pause de 48 heures, car les alliés avancent bien plus vite que leur ravitaillement. Repartie le 24 avril 1945, Devers atteint la frontière autrichienne le 28 ou il est contraint de s’arrêter à nouveau.
Dans le même temps, toutes les poches allemandes entre Stuttgart et Munich capitulent les unes après les autres. Jean de Lattre de Tassigny établie le QG de la 1ère Armée française à Munich. Dès lors, ses troupes se contente d’opération de nettoyage et de désarmer les Allemands qui se rendent par milliers.
À partir du 21 avril 1945, le Général Patton ne rencontre quasiment plus aucune résistance. Ce jour-là, il entre dans Nuremberg qui a été déclaré ville ouverte. Devers atteint Linz en Autriche le 1er mai et Patton atteint Prague le 7 mai, veille de la capitulation allemande.

Conséquences et critiques de la Campagne d’Allemagne
Après la chute de la poche de la Rhur, les forces allemandes du Front de l’ouest n’opposent plus qu’une résistance de façade. L’avancée des alliés devient aisée, étant tout de même ralentie par des problèmes de ravitaillement.

La 9ème Armée de Simpson atteint Postdam le 5 mai où la jonction est faite avec les Soviétiques le 6 mai. Le général américain reçoit l’ordre de stopper son avance et de laisser Berlin aux Soviétiques. Les éléments de la 1ère Armée américaine de Hodges font la jonction avec l’Armée rouge à Torgau et à Dresde le 6 mai.
Conformément à ce qui a été décidé lors de la conférence de Yalta, les Alliés laissent l’Union soviétique porter le coup de grâce à l’Allemagne.
Plusieurs historiens militaires ont émis des doutes sur la nécessité des opérations Varsity et Comet.
Certains historiens vont jusqu’à affirmer que « les opérations Varsity et Comet n’étaient absolument pas nécessaires » ou que « si les mêmes ressources avaient été utilisées au sol, il est possible que l’avancée vers l’est ait été plus rapide qu’elle ne l’a été. »[2]
Dans le contexte de la guerre froide, il est reproché aux Américains de ne pas s’être emparé d’une plus grande part de l’Allemagne et de s’être laissé berner par Staline lors de la conférence de Yalta. L’une des principales justifications de ses critiques est que de nombreuses troupes américaines étaient alors « occupées à ne rien faire » dans le pacifique. Pourtant ces troupes sont nécessaires pour assurer des missions dans les pays suivants :
- Papouasie Nouvelle-Guinée : pour retrouver des stragglers[3] et désarmer certaines tribus. Le tout avec l’aide australienne.
- Philippines : pour reprendre le contrôle du pays, reconstituer l’armée philippine, désarmer les Moros et reconstruire le pays.
- Chine : pour aider à la formation des troupes du KMT.
- Corée : assurer la prise de contrôle du territoire et l’installation du gouvernement de Kim Koo.
- Birmanie, Indochine, Indonésie, Malaisie : pour prendre la relève des troupes japonaises, assister les troupes coloniales et « préparer » l’indépendance.
- Mandchourie : pour s’assurer que le pays n’est pas sous le contrôle politique des Japonais.
Les mois et années suivants prouveront pourtant que cette décision était la bonne. Puisqu’il y aura des insurrections et guerres civiles dans la plupart de ces pays.
[1] Ce traduit par forêt impériale. Il s’agit d’étendue boisée qui était protégée et à l’usage réservée au Saint-Empire romain germanique.
[2] Critiques émises OTL par les historiens Barry Gregory et James A. Huston au sujet de Varsity.
[3] Stragglers (en Français « traînards ») est le mot anglais servant à désigner les soldats japonais de la guerre du Pacifique qui, après la fin des combats, ont continué à se battre. On les appelle en japonais zanryū nipponhei, littéralement les « soldats japonais restants ». Dans « Au Bord de l’Abîme, la plupart des Stragglers se trouvent dans les îles Salomon et en Papouasie–Nouvelle-Guinée. Il s’agit de soldat ayant été oublié lors des opérations MO et KE. Dans de rares cas, il s’agit de fanatique refusant de reconnaître le traité de paix.
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