« La Révélation des Templiers : les gardiens de la véritable identité du Christ » est le titre d’un livre pseudo-historique écrit par Lynn Picknett et Clive Prince en 1997. Le livre propose une hypothèse divergente sur les vies de Jésus, Jean le Baptiste et Marie de Magdala, et explique que cette histoire a été supprimée par l’Église avec la sélection des textes canoniques, les campagnes contre les hérétiques et non-chrétiens.
Résultat de leurs recherches :
Alors qu’ils cherchaient à prouver que Leonard de Vinci avait truqué le saint suaire à la demande de l’Église, les auteurs ont découvert des signes de ce qui leur parait être une pensée chrétienne peu orthodoxe dans l’imagerie représentant certains des personnages centraux du Nouveau Testament, en particulier Jean le Baptiste. Les œuvres qui ont attiré leur attention sont les deux versions de La Vierge aux rochers et La Cène. Sur cette dernière, ce serait non pas l’Apôtre Jean qui se trouve à la gauche de Jésus, mais Marie de Magdala. Ils soulignent que leurs angles de corps forment la lettre M, une référence à Marie de Magdala, et qu’elle et Jésus sont habillés de vêtements semblables, mais de couleur opposée, une image en négatif l’une de l’autre. Ils mentionnent également un certain nombre d’autres signes : un couteau pointé vers l’un des personnages, que Léonard de Vinci lui-même est présent dans cette peinture avec son visage pointant vers Jésus et que Jésus est confronté à une main accablante à sa droite « le geste de Jean qui pointe un index vers le haut ».
En essayant de comprendre la signification de ces images inhabituelles, ils ont mené des recherches sur ce qu’ils appellent un « fil d’hérésie » qui remonte à plus de 2000 ans. Ils prétendent trouver des preuves de cette tradition occultée dans des sujets aussi variés que les Templiers, les Cathares, le Gnosticisme, le Saint Graal et les légendes liées au sud de la France, plus particulièrement à la ville de Rennes-le-Château. Ils se basent sur les travaux Morton Smith, Hugh J. Schonfield, G.R.S. Mead, Frances A. Yates et Geza Vermes.
Leurs conclusions :
- Jésus était un disciple de Jean le Baptiste. Les enseignements religieux de ce dernier étaient essentiellement ceux du culte à mystère[1] égyptien d’Isis-Osiris-Horus.
- Jésus a été initié dans le cercle intérieur de Jean le Baptiste, mais n’a pas été choisi pour lui succéder. C’est plutôt Simon le Magicien qui a été choisi comme successeur.
- Marie de Magdala avait une relation sexuelle ritualisée et sacrée avec Jésus, en accord avec ses croyances religieuses, et comme son initiateur dans les mystères sacrés. Jésus la traitait comme son égale.
- La politique et la religion formaient un tout dans l’ancien Israël, et Jésus était un concurrent politique astucieux et agressif de Jean le Baptiste.
- Le groupe de Jésus pourrait bien être responsable de la mort de Jean le Baptiste.
- Les disciples de Jésus n’ont pas été initiés aux mystères de ses enseignements.
- Le terme « Christ » n’a pas la même signification pour les participants du drame biblique que pour nous. Pour ceux du cercle de Jean le Baptiste, il aurait été question de tous ceux qui ont été baptisés et initiés aux secrets de leur système de croyances.
- De nombreuses images et histoires du Nouveau Testament sont en réalité des adaptations de celles trouvées dans d’autres traditions religieuses et n’ont rien d’unique.
- Jésus n’est qu’un « Dieu qui meurt et ressuscite[2] » parmi d’autres puisque cet archétype de divinité est présent dans plusieurs mythologies.
Les auteurs envisagent la possibilité que Léonard de Vinci envoyait des messages cachés à travers son art, qui ne pouvait être compris que par d’autres qui étaient ouverts à leur signification. Ces peintures semblent être des représentations bibliques simples, mais représentent en fait leur croyance en la supériorité de Jean le Baptiste sur Jésus.
Inspirations, influences et critiques :
On retrouve les idées de Lynn Picknett et Clive Prince dans d’autres livres dont le célèbre « Da Vinci Code » de Dan Brown. L’un des chapitres du roman s’appelle « Le code secret de Leonard de Vinci ». Brown fait les mêmes erreurs factuelles que Picknett et Prince au sujet du Prieuré de Sion, idée qu’ils ont eux-mêmes reprise de « L’Énigme sacrée[3] ». Pour rappel, tous ces auteurs pensent que le Prieuré de Sion est une confrérie remontant à 1099, liée à l’ordre du Temple en France. En réalité c’est une association loi 1901 créée en 1953.
[1] Cultes apparus avant l’ère chrétienne dans le monde gréco-romain.
[2] Il est nommé ainsi par l’anthropologue James George Frazer dans son étude de mythologie comparée « Le Rameau d’or ».
[3] Essai controversé réalisé en 1982 par trois journalistes britanniques : Henry Lincoln, Michael Baigent et Richard Leigh.