Derrière ce nom faisant penser à un thriller sauce Dan Brown se cache une théorie controversée d’Hugh J. Schonfield, spécialiste du Nouveau Testament et de la naissance du Christianisme. Le livre, dont le titre original est « The Passover Plot » a fait un carton à sa sortie en 1965 et a été adapté au cinéma 11 ans plus tard.
La théorie du complot :
Schonfield base sa théorie sur ses recherches sur le contexte social et religieux dans lequel Jésus a vécu. En se basant notamment sur les Évangiles, l’auteur arrive aux conclusions suivantes :
- Jésus était un juif profondément croyant, probablement très versé dans les enseignements des branches nazaréennes et esséniens du Judaïsme.
- Ayant grandi en Galilée, il était plus tôt sceptique quant aux autorités du Temple de Jérusalem représenté par les sadducéens[1].
- Les attentes messianiques des Juifs étaient égales à leur désespoir engendré par l’occupation de leurs pays par les Romains.
- Jésus était à la fois typique de son temps et extraordinaire dans sa conviction et sa ferveur religieuse.
- Il était convaincu qu’il devait endosser le rôle du Messie, du fait qu’il était un descendant du Roi David. Il s’est donc préparé méthodiquement et précisément à jouer ce rôle dans les moindres détails.
- Conscient de l’importance de son rôle, il était parfaitement conscient que s’il échouait, il serait déclaré faux messie.
- Il était parfaitement conscient des risques encourus et des conséquences de ses actes. Seuls ses alliés les plus proches étaient au courant du plan, les autres Apôtres devaient rester dans l’ignorance pour remplir au mieux le rôle que Jésus attendait d’eux.
- Il a impliqué le moins de monde possible dans son complot, ne donnant que le strict minimum d’informations.
- Le but du plan était de « mourir » crucifier, et « ressusciter » en tant que Messie et Roi des Juifs.
Tout ne se passe pas comme prévu :
D’après Schonfield, la source la plus fiable concernant les « évènements de Pâque » est l’Évangile de Jean, même si – vieillissant — il en a probablement confié la rédaction à un assistant qui a donc pu filtrer ou altérer les propos de l’Apôtre.
Pour l’auteur, Jésus avait prévu d’être crucifié seulement quelques heures avant le Chabbat, les juifs rentrant chez eux, il n’aurait donc pas eu à souffrir trop longtemps sur la croix, car son père Joseph serait alors venu lui fournir de quoi se sustenter, ainsi qu’une drogue le faisant passer pour mort. Il n’aurait plus eu qu’à emporter la dépouille de son fils et le soigner pour qu’il se fasse passer pour ressusciter. Le plan ne prévoyait malheureusement pas le coup de lance dans le flan.
Schonfield apporte même des preuves qu’un membre du Sanhédrin[2] faisait partie des Apôtres, probablement Jean, certains partisans de Jésus avaient donc probablement leurs accès au Temple de Jérusalem. Joseph et/ou Jean ont probablement été aperçus près du tombeau de Jésus le matin de la résurrection, mettant en route la légende.
Une bonne histoire :
Alors que la valeur historique, la fiabilité et la datation du Nouveau Testament et des autres sources sur la vie de Jésus font toujours débat. L’idée défendue par Schonfield n’est au final pas plus vérifiable et pas plus douteuse que la version officielle, notamment sur la question de la Résurrection. En effet, cet évènement majeur de la religion chrétienne n’est paradoxalement pas décrit dans les Évangiles canoniques. Le tombeau à tous simplement put être vidé par Jean et/ou Joseph. Les récits sur les apparitions de Jésus après la Résurrection sont flous et divergents. Peut-être que Jean et Joseph ont improvisé pour poursuivre le plan de Jésus. Après tout, les sources quasi exclusives sur Jésus, les Évangiles canoniques, sont des écrits théologiques visant avant tout à témoigner de la foi des premières communautés chrétiennes qu’a rapportée la biographie de Jésus.
[1] L’un des 4 grands courants du Judaïsme, mais faisant ici référence au clergé du Premier Temple de Jérusalem.
[2] L’Assemblée législative traditionnelle d’Israël ainsi que son tribunal.