L’histoire des Rois de Bretagne

Nous sommes tous plus ou moins familiers avec la légende arthurienne. Films, dessins animés, séries, livres ; les aventures du Roi Arthur ont été traitées par de multiples moyens d’expression. Mais le Mythe fut pendant longtemps considéré comme étant une réalité historique. La légende arthurienne et la Matière de Bretagne[1] trouvent leur origine dans « De gestis Britonum[2] » plus connue sous le nom « Historia regum Britanniae » œuvre rédigée en latin entre 1135 et 1138, par le gallois Geoffroy de Monmouth (que nous appellerons Geoffroy). Il faut préciser que pendant longtemps le terme Bretagne désignait l’actuelle Grande-Bretagne.

L’histoire de Bretagne selon Geoffroy :

Dans le premier volume, le Troyen Enée — fils d’Anchise et Aphrodite — s’installe dans la péninsule italienne après la guerre de Troie. Son petit-fils Brutus de Troie, banni, ère pendant un temps, jusqu’à ce que la Déesse Diane lui dise d’aller s’installer sur une île de l’océan à l’ouest. Brutus touche terre à Totnes sur l’île d’Albion. Il la nomme Bretagne d’après son nom et devient Brutus de Bretagne. Brutus vient à bout des géants qui peuplent ces terres et fonde sa capitale Troia Nova sur les rives de la Tamise. Cette ville deviendra l’actuelle Londres.

Dans le deuxième volume, à la mort de Brutus ses trois fils se partagent la Bretagne. La Loegeria pour Locrinus, la Kambria (actuel Pays de Galles) pour Kamber et l’Albany (actuelle Écosse) pour Albanactus. S’ensuivent des affrontements entre leurs descendants et les descendants de leurs descendants jusqu’à ce que Dunvallo Molmutius prenne le dessus et reprenne le contrôle de toute la Bretagne.

Le troisième volume voit une nouvelle guerre civile entre Belin et Brenne, les fils de Dunvallo. Après s’être réconciliés, ils soumettent la Gaule et se livrent au Sac de Rome. Brenne s’installe à Rome ou il règnera en tyran alors que Belin retourne en Bretagne.

Dans le quatrième volume, Jules César après avoir conquis la Gaule veut contraindre la Bretagne à payer un tribut. Cassivellaunos refuse et repousse deux invasions romaines en l’espace de deux ans. Le Roi de Bretagne se brouille alors avec l’un de ses ducs, Androgeos qui fait appel à Jules César pour laver son honneur. Ce dernier assiège Cassivellaunos sur une colline. Lui et Jule César finissent par signer la paix, la Bretagne versera tribut et les Romains repartent en Gaule. Quelques successions plus tard, le Roi Guider arrête de verser le tribut promis à Rome alors diriger par l’Empereur Claude. C’est à nouveau la guerre et Guider est tué au combat, son frère Arvirargus continue la lutte, mais fini par se soumettre et prend en mariage Venissa, fille de l’Empereur Claude. Arvirargus gouverne donc la Bretagne pour l’Empire romain.

Les volumes cinq à sept racontent l’arrivée au pouvoir de Vortigern, puis se concentrent sur Merlin et ses prophéties.

Dans le huitième volume, Vortigern est tué par Ambrosius Aurelianus qui prend le pouvoir avec son frère Uther. La guerre continue contre les mercenaires Saxons qui s’étaient retournés contre Vortigern alors qu’ils luttaient contre les Pictes et les Scots. Durant les batailles qui s’en suivent, Uther remplace Ambrosius à la tête de l’armée, car il est malade. Lorsqu’une comète en forme de tête de Dragon traverse le ciel (d’où le nom Pendragon), Merlin présage la mort d’Ambrosius (qui vient juste d’être empoisonné) et la victoire prochaine d’Uther sur les Saxons. Puis après ladite victoire, un nouvel ennemi attaque la Bretagne, mais Uther parvient à le repousser temporairement avec l’aide de Gorlois de Cornouaille. Alors que la victoire est célébrée, Uther tombe amoureux d’Ygraine, la femme de Gorlois. C’est le début d’une nouvelle guerre au cours de laquelle Uther tue Gorlois et épouse Ygraine. De leur union naitra Arthur Pendragon. Malheureusement les Saxons attaquent et sont à nouveau défaits, mais Uther meurt après avoir bu de l’eau empoisonnée.

Les neuvième et dixième volumes voient Arthur infliger une terrible défaite aux Saxons, au point qu’ils cessent d’être une menace à court terme. Le Royaume de Bretagne conquiert alors l’Irlande, l’Islande, la Norvège, le Danemark et une bonne partie de la Gaule, mais l’Empereur romain Lucius Tiberius exige à nouveau que la Bretagne paye un tribut. Pendant qu’Arthur vainc les Romains en Gaule, son neveu Mordred séduit la Reine Guenièvre et s’empare du trône.

Dans les deux derniers volumes Arthur tue Mordred lors de la bataille de Camlann. Mortellement blessé, le roi est transporté sur l’île d’Avalon et confie le Royaume à Constantin III de Bretagne.

Sources :

Geoffroy prétend tenir ses informations de l’Archidiacre Walter d’Oxford (Valterus Calenius) qui lui aurait fourni des textes écrits dans un ancien « langage britannique ». Malheureusement, cette source n’a jamais pu être vérifiée. John Morris – auteur de The Âge of Arthur — pense que la source fournie par Walter d’Oxford est un faux délibéré et même que Walter est Gautier Map (Walter Map en anglais).

Il est considéré comme plus probable que Geoffroy se soit basé sur les œuvres de Gildas le Sage, Bède le Vénérable, Nennius, Robert de Gloucester et Galéran IV de Meulan.

De l’histoire à la légende :

Considérée comme véridique jusqu’au 16ème siècle, l’histoire des Rois de Bretagne est maintenant considérée comme n’ayant aucune valeur historique. Lorsque certains évènements décrits peuvent être corroborés par des sources historiques fiables, la version livrée par Geoffroy est largement inexacte. Toutes fois, cela reste une œuvre de littérature médiévale de grande valeur, qui contient la version la plus ancienne de l’Histoire du Roi Lear et a aussi donné naissance à la légende arthurienne. Robert de Torigni et Henri de Huntingdon se sont largement basés sur l’œuvre de Geoffroy, contribuant ainsi à diffuser la légende. Cette dernière sera ensuite enrichie notamment par Chrétien de Troyes qui y ajoute Lancelot du Lac et le Saint Graal et initiant ainsi le genre de la romance arthurienne. Enfin, l’Histoire des Rois de Bretagne est aussi l’un des premiers manuscrits à être « largement » diffusé, puisque près de 250 exemplaires ont été produits. Seules quelques dizaines ont survécu certains largement annotés. Il est malheureusement difficile de faire la différence entre les annotations de Geoffroy ou celles des copistes tout comme il est difficile de savoir lesquels sont faits dans le but d’altérer le texte ou l’améliorer.


[1] Ensemble des textes écrits au Moyen Âge autour des légendes de l’île de Bretagne et de la petite Bretagne actuelle, notamment celles du cycle arthurien.

[2] Sur les actes des Britanniques.

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