Opération MO, l’évacuation de la Papouasie-Nouvelle-Guinée

Extraits de « Un océan de feu : La guerre du pacifique 1941-1944 » — Joe Chevalier — BBG Publishing.

L’Opération MO est le nom donné à l’opération de retrait japonais de Papouasie-Nouvelle-Guinée dont la première phase s’est déroulée entre le 28 février et le 5 mai 1942. Pour couvrir les opérations d’évacuations, un grand raid aérien est organisé afin de frapper la base alliée de Port Moresby. L’opération fut un succès majeur pour la Marine japonaise.

Contexte

Initialement, l’opération MO était une opération d’invasion planifiée pour le printemps 1942, elle a été annulée suite à la Bataille de la mer de Corail. Le plan modifié, toujours appelé MO, s’inscrit dans la nouvelle logique de réduction des fronts initiée par la Marine Impériale Japonaise.

Stratégie

La stratégie japonaise consiste à frapper l’ennemi lors d’un raid aérien audacieux pour le déstabiliser et assurer la couverture de l’évacuation des troupes déployées en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Pour ce faire, des navires auxiliaires sont acheminés discrètement à Lae-Salamaua et Buna et serviront à transporter des troupes au moment où la flotte japonaise arrivera avec le gros de la flotte de transport.

Pour la première phase, la flotte d’évacuation doit se réunir à Rabaul et se mettre en route le 28 février 1943. Le 1er mars, l’aviation japonaise doit décoller de Rabaul avant le lever du soleil, longer la chaîne Owen Stanley pour masquer son approche avant de piquer droit sur la base américaine de Seven-Miles près de Port Moresby. Les bombardiers en piqué embarqués sur les porte-avions se joindront au raid, le reste des appareils embarqués couvrira la flotte d’évacuation.

Les troupes d’arrière-gardes ou isolées seront évacuées de nuit par des destroyers lors des jours et semaines suivants l’Opération MO. Au total, près de 22 000 personnels doivent être évacués.

La deuxième phase, l’évacuation de Rabaul, Nouvelle-Bretagne, la plus grande île de l’archipel Bismarck, est programmée pour début du mois d’août. Bien que l’histoire a retenu que l’opération a été planifiée par l’Amiral Isoroku Yamamoto. Ce dernier précisera plus tard que l’essentiel que, comme souvent son idée de départs a été organisé en un plan applicable par Kameto Kuroshima, mais que ce dernier avait confié l’essentiel du travail au jeune protégé de Yamamoto : le Capitaine Ichiro Taki.

Ordre de Bataille japonais

Flotte d’évacuation de Lae-Salamaua (commandé par le Vice-Amiral Mikawa) :

  • Les porte-avions Hōshō (16 A6M Reisen) et Zuihō (15 A6M Reisen).
  • Les croiseurs Aoba et Kinugasa.
  • Les croiseurs légers Tenryu et Tatsuta.
  • Les destroyers Sazanami, Minazuki, Mochizuki et Yuzuki.
  • Deux navires de transport et deux transports d’hydravions (utilisé comme transport de troupes pour l’occasion) Kiyokawa Maru et Kamikawa Maru, les dragueurs de mines Tsugaru et Okinoshima (utilisé comme transport de troupes).

Flotte d’évacuation de Buna (commandé par le Vice-Amiral Kondo) :

  • Les porte-avions Jun’yō (27 A6M Reisen, 6 B5N Kankō et 18 D3A Kanbaku) et Hiyō (27 A6M Reisen, 6 B5N Kankō et 18 D3A Kanbaku).
  • Les croiseurs lourds Myōkō et Haguro.
  • Le croiseur léger Yūbari.
  • Le croiseur auxiliaire Asanagi.
  • Les destroyers Asashio, Arashio, Arare, Kagerō, Shiranui, Kasumi, Mutsuki, Yayoi, Uzuki, Oite et Yūnagi.
  • Trois transports de troupes.
  • Le sous-marin I-176 (Classe Kaidai).

Flotte de couverture du détroit de Dampier (commandé par le Vice-Amiral Kaoru Arima) :

  • Le cuirassé Musashi.
  • Les destroyers Akikaze et Tachikaze.

Force de Frappe sur Seven-Miles et Fives-Miles :

La force de frappe est composée par les appareils de la 25ème flottille aérienne basée à Rabaul sous les ordres du Contre-Amiral Keizō Ueno. La force de frappe compte 60 A6M Reisen, 48 G3M Rikko et 26 D3A Kanbaku. Ces appareils seront rejoints par les 36 autres Kanbaku des porte-avions Jun’yō et Hiyō.

Déroulement de l’opération

Le 28 février 1943 à 10 h les flottes d’évacuation de Mikawa et Kondo sont regroupées à Rabaul, celle de Kondo appareille à 12 h 30 et celle de Mikawa à 14 h 30. Ils doivent naviguer en longeant les reliefs pendant la journée et à 15 nœuds la nuit.

Le sous-marin I-176 positionné près de Goodenough Bay est déjà en train de surveiller les éventuels mouvements alliés. L’I-176 veille toute la journée sans rencontrer de navires ennemis, une fois la nuit tombée il navigue en surface pour recharger ses batteries. Pendant ce temps, les navires auxiliaires qui s’étaient rendu discrètement sur place les jours précédents commencent déjà à charger des troupes.

Le 1er mars à 10 h 54, une Catalina américaine aperçoit les navires de Kondo, mais les Américains pensent que les navires se dirigent vers les îles Salomon. Les bombardiers et chasseurs américains basés à Port Moresby décollent à leur recherche, mais ils cherchent dans la mauvaise direction et reviennent bredouilles. La flotte de Mikawa atteint Lae-Salamaua sans incident aux alentours de 19 h. La flotte de Kondo arrive au large de Buna à 18 h 30. Les deux flottes japonaises commencent immédiatement à charger troupes et matériels. Le matériel ne pouvant être évacué ainsi que les installations seront détruites juste avant l’évacuation.

Le 2 mars 1943, les avions japonais basés à Rabaul décollent de nuit à 3 h 30 pour un parcours d’environ 860 km jusqu’à Port Moresby. Ils doivent atteindre leur objectif à environs 6 h 30 du matin. Le raid compte 60 A6M Reisen, 48 G3M Rikko et 26 D3A Kanbaku. Un G3M est contraint de faire demi-tour suite à un problème de moteur. Juste avant de franchir la chaîne Owen Stanley, la force de frappe est renforcée par 36 autres Kanbaku des porte-avions Jun’yō et Hiyō de la Force d’évacuation de Buna. Un Reisen et un Kanbaku sont manquants après être entrés en collision en longeant la chaîne Owen Stanley.

Les Reisen japonais décollent de Rabaul.

À 6 h 15 les appareils japonais franchissent la chaîne Owen Stanley et sont immédiatement détectés par le radar de Port Moresby. Alors que les Japonais sont à seulement 70 km de la base alliés, l’alerte met plus 4 minutes à être déclenchée.

Le raid japonais longe la chaîne Owen Stanley.

Il est 6 h 20 lorsque les 15 P-38 et 47 P-39 commencent à décoller. Les chasseurs américains n’ont pas le temps de se positionner idéalement lorsque les Reisen les accrochent. La première passe laisse 7 P-38 et 4 P-39 sur le carreau contre seulement 3 Reisen, 1 Rikko et 1 Kanbaku. Alors que les chasseurs des deux camps s’affrontent, les bombardiers japonais fondent sur les aérodromes de Seven-Miles et Five-Miles. En occupant la chasse américaine, les chasseurs japonais ont parfaitement ouvert la voie aux bombardiers.

En parlant de bombardier, les B-17 et B-24 américains tentent de décoller pour éviter d’être détruits au sol, mais il est déjà trop tard. À 6 h 32, les premières bombes japonaises sont larguées. Elles touchent les pistes, les avions encore au sol et les dépôts de carburant. Les bombardiers larguent toutes leurs bombes en un seul passage avant de faire demi-tour, trois G3M et cinq Kanbaku sont abattus par la DCA américaine.

À 6 h 39 une partie des Reisen qui s’est dégagée de la chasse américaine fait une passe de mitraillages sur les positions américaines et s’attaque aux bombardiers américains survivants qui ont pris leur envol. À 6 h 51, les Reisen commencent à faire demi-tour et les derniers chasseurs américains renoncent à les poursuivre, car après de lourdes pertes ils ne sont pas assez nombreux. Ils parviennent à se poser tant bien que mal sur ce qui reste des pistes.

L’aérodrome de Seven-Miles juste après l’attaque japonaise.

Pendant ce temps, les évacuations se poursuivent. Celle de Buna est déjà terminée et la flotte de Kondo est déjà en route pour rejoindre Mikawa dans la zone Lae-Salamaua. Sur les 36 Kanbaku des porte-avions Jun’yō et Hiyō, seuls 29 reviennent. Le reste de la force aérienne regagne Rabaul par le chemin le plus court. À 10 h 30 la flotte de Mikawa a fini ses opérations d’embarquement et commence à quitter la zone. Les deux flottes d’évacuation doivent rejoindre le reste de la flotte dans le détroit de Dampier puis rejoindre Saipan pour y débarquer troupes et équipements.

Pendant ce temps, les Américains obtiennent une maigre victoire. Le I-176 est atteint d’un problème de batterie. Les émanations toxiques obligent le sous-marin à naviguer en surface. Les derniers avions de Port Moresby ne ratent pas cette proie facile. Le sous-marin japonais pris par surprise est touché par cinq bombes et coule sans survivant.

Conséquence

L’Opération Mo est une victoire incontestable pour les Japonais et avec des pertes modérées : 10 A6M Reisen, 5 G3M Rikko, 9 D3A Kanbaku et le sous-marin I-176. Près de 17 000 des 22 000 hommes (personnels non combattants inclus) ont été évacués avec une très grande partie de leur matériel dès la première phase. Les troupes restantes, retranchées sur la côte son évacuées par des destroyers lors d’opération nocturne que certain surnommeront le « Rabaul Express ».

Du côté américain, les pistes seront remises en état en 12 heures, mais l’essentiel du carburant d’aviation a été détruit. 66 % des appareils américains ont été détruits, soit 21 chasseurs du 35th Fighter Group et 16 bombardiers du 43th Bomber Group. Dès le 5 mars, les appareils de reconnaissance américains découvrent que les zones de Lae-Salamaua et Buna sont presque désertes. Dix jours plus tard, les 35th Fighter Group et du 43th Bomber Group recevrons des appareils flambant neufs et mènerons plusieurs raids massifs en représailles. Il s’agit de l’Opération Vengeance.

Représailles américaines

L’Opération Vengeance qui se déroule du 18 au 27 avril 1943 engageant 349 appareils sur 11 jours. Le 18 avril, un raid 72 bombardiers B-25 et 80 chasseurs lourds P-38 attaques les défenses antiaériennes autour de Rabaul. Si le raid détruit de nombreuses positions japonaises, les Américains y perdent 8 bombardiers et 9 chasseurs. Le croiseur japonais Haguro reçoit des dégâts légers et un cargo est lourdement endommagé.

Le 21 avril, un raid de la Task Force 38 de l’US Navy attaque Rabaul. La force du Vice-Amiral Frederck C. Sherman repose principalement sur le porte-avions américain USS Saratoga et le porte-avions britannique HMS Victorious. En effet, après la destruction de l’USS Hornet et les lourds dégâts subits par l’USS Enterprise lors de la bataille des îles San Cristobal, l’US Navy se retrouve avec un seul porte-avions, opérationnel dans le Pacifique, l’USS Saratoga. Fin décembre 1942, le Victorious a été prêté à l’US Navy après que les Américains aient demandé un renfort de porte-avions. Pendant son service dans l’US Navy, il est connu sous le nom USS Robin. Après un carénage aux États-Unis, en janvier 1943, et l’embarquement d’avions Avenger, le Victorious traverse le canal de Panama le 14 février 1943 pour opérer avec les forces américaines dans le Pacifique. Le Victorious arrive à Pearl Harbor en mars et est équipé de brins d’arrêt plus résistant, car ceux de la Royal Navy s’avèrent trop légers pour les Grumman Avenger. Dans l’urgence, l’installation de canons antiaériens supplémentaires est remise à plus tard. Le Victorious arrive à Nouméa le 8 avril pour former la Carrier Division 1 avec l’USS Saratoga. Sous commandement américain, le Victorious est chargé d’assurer la couverture de la flotte pendant que les appareils du Saratoga attaquent Rabaul. Le raid est composé de 52 chasseurs F6F Hellcats, 23 bombardiers TBF Avangers et 22 bombardiers SBD Dauntless. Malgré la détection par les radars japonais, les Américains arrivent à les prendre par surprise. En effet, les défenseurs s’attendaient à ce que les amricains divisent leurs forces en deux pour attaque en tenaille. Au lieu de cela, les Américains foncent droit sur Rabaul. Ainsi, bon nombre des 70 chasseurs japonais déjà en l’air sont mal positionnés. Les Américains ne perdent que 5 bombardiers et 5 chasseurs. Les croiseurs japonais Maya et Takao subissent des dégâts mineurs et 18 chasseurs japonais sont abattus. De plus les passes de traffing des Américains tuent 32 marins et causent des dégâts mineurs aux croiseurs Atago, Maya, Mogram, Takao, Chikuma et Agano.

Le 27 avril, une nouvelle attaque combine cette fois-ci les appareils de l’US Army et l’US Navy. Cette dernière est fraichement rejointe par l’USS Essex et l’USS Independence de la Task Force 50.3 arrivé sur zone 4 jours plus tôt. Le raid se compose de 185 appareils dont 100 bombardiers et à la chance d’être couvert par la mauvaise météo. Pensant que les Américains n’utiliseront pas la même tactique que lors du raid précédent, les Japonais sont à nouveau mal positionnés et les Américains ne sont interceptés que par 58 A6M Reisen de Marine Japonaise. Si les pilotes japonais font de leur mieux dans un combat aérien confus, ils ne peuvent arrêter les Américains qui cette fois-ci ciblent principalement les installations d’aviation. La piste bétonnée de Vunakanau est ravagée, de nombreuses installations au sol subissent le même sort, 184 avions japonais sont détruits au sol (dont seulement 28 appareils de Marine japonaise), indestroyer japonais reçoit des dégâts légers et 35 chasseurs Reisen sont détruits dans le combat aérien.

Ce dernier raid coûte la vie au Général Hatazō Adachi commandant le 18ème armé et conduit au limochage de son supérieur le Général Hitoshi Imamura qui commande la 8ème Armée régionale. En effet, la Marine se concentrant sur la gestion des opérations d’évacuation, Imamura s’était vu transférérer l’ensemble du dispositif de défense de Rabaul. Ainsi, les 175 pièces de DCA de la Marine passèrent sous l’autorité de l’Armée, portant son inventaire à 542 pièces. De plus les 370 appareils défendant Rabaul et ses alentours sont aussi majoritairement issus des forces de l’Armée qui à elle seule totalise 270 appareils sur zone. Sur les 100 appareils de la Marine, 35 ont été détruits au combat et 28 au sol, ne laissant que 27 appareils en état de combattre. Si cela est un petit désastre pour l’aviation de la Marine Impéraile japonaise, l’Armée impériale subit un véritable humiliation avec la destruction de 202 de ses 270 avions. Ainsi, dans la lutte d’influence qui oppose la Marine et l’Armée japonaise, l’Opération Vengeance, malgré les pertes quelle a infligé, fait les affaires de la Marine.

La nouvelle « esquive brutale » japonaise que constitue l’Opération MO va conduire l’État-major américain et le Président Roosevelt à accélérer le calendrier des opérations et trancher les décisions en attente. La presse américaine décrira l’attaque sur Port Moresby comme « un troisième Pearl Harbor », le raid japonais sur Darwin[1] étant le « deuxième ». Mais les résultats de l’Opération Vengeance permettent non seulement de laver l’affront, mais aussi de remonter le moral des troupes et de la population.

Evécuation Japonaise et reconquête américaine de la Papouasie–Nouvelle-Guinée

Du 12 juin au 5 août 1943, dans le cadre l’opération I-Go la Marine conduit l’évacuation de près de 38 000 hommes avec l’essentiel de leur matériel, ainsi que l’ensemble des avions encore présent dans les îles Salomon, principalement à Rabaul et Bougainville. Toutefois, environ 7000 hommes de l’Armée impériale restent présents sur zones, ayant refusé d’évacuer. Parmi eux, un seul haut gradé, le Lieutenant-Général Masatane Kanda.

[…]

À partir du 22 septembre et jusqu’au 23 décembre 1943, dans le cadre de l’opération Cartwheel, les forces alliées réoccupent progressivement la région au cours de 14 opérations de débarquement engageant des troupes américaines, néo-zélandaises et australiennes. En dehors de quelques unités de traînards japonais oubliées sur place, les Américains ne rencontrent quasiment aucune opposition. En tout et pour tout, les alliées perdront 231 hommes, dont certains lors d’accident. Sur les près de 7000 Japonais, 2192 sont tués au combat. Des milliers d’autres se rendront au fil des mois et encore plus à l’annonce du retour à la paix en 1944. Toutefois, des « stragglers » ou « traînards », survivront dans la jungle pendant des décennies, le dernier d’entre eux c’est rendu en 1981 à Vella Lavella. On estime que les autres sont morts de faim ou de maladie. Quant Lieutenant-Général Masatane Kanda, sont sort est inconnue. Plusieurs « traînards » reconnurent que leurs groupes eurent parfois recours au cannibalisme pour survivre.

[…]

Extrait de « Les Shoguns de l’Ombre : Kido et Yamamoto mettent fin à la guerre du Pacifique » — Shichiro Shoryu & Eugene Thornton — Édition Ackerman.

Pour Arthur Schlesinger: « Cordell Hull était en quelque sorte la conscience internationaliste de Roosevelt dans les questions économiques, une conscience à laquelle le président ne prêtait pas toujours l’oreille dans l’immédiat, mais qui en général avait le mot de la fin »

L’attaque japonaise sur Port Moresby qui s’était suivi d’une nouvelle esquive était de très mauvais augure pour la conduite de la guerre. Le 24 janvier 1943 à Casablanca, Winston Churchill et Franklin D. Roosevelt avaient réclamé la reddition sans condition des forces de l’Axe. Le retrait japonais signifiait un raccourcissement des lignes de ravitaillement et un renforcement de la concentration des moyens militaires sur un périmètre plus réduit et donc plus difficile à attaquer. Alors que le Président Roosevelt n’envisageait rien d’autre que la reddition du Japon, Cordell Hull commença alors un long travail de persuasion auprès du Président des États-Unis, car à ces yeux il fallait envisager une paix négociée. En effet, au fil du retrait japonais, le risque de très lourdes pertes américaines devenait de plus en plus plausible ainsi que le risque de voir le conflit s’éterniser hantait le Secrétaire d’État. Surtout, à ses yeux, le retrait japonais signifiait peut-être un retour à la raison d’une partie de leurs dirigeants politiques et militaires. Cordell Hull sera au final l’un des principaux artisans du traité de paix entre le Japon et les États-Unis.

Dans ses mémoires, le Marquis Kido raconte qu’après la guerre lors d’un diner avec Cordell Hull lors de la Conférence de Manille, ils discutèrent de la note diplomatique appelée « Note Hull ». Kido expliqua que pour le gouvernement Tōjō la note avait été interprétée comme un ultimatum. La note demandait le retrait des troupes japonaises d’Indochine et de Chine. L’état du Mandchoukouo n’étant pas reconnu par les États-Unis le gouvernement Tōjō interpréta cela comme une demande incluant un retrait du Mandchoukouo ce qui était inenvisageable pour les Japonais. Hull expliqua à Kido que la note n’avait rien d’un ultimatum, n’incluait pas le Mandchoukouo et que des négociations était envisagée à l’époque. Il ajouta avec une touche d’ironie que la « note » s’appelait « Aperçu de la base proposée pour l’accord entre les États-Unis et le Japon[2]. » Est-ce que sans ce malentendu la guerre aurait pu être évitée ? Ou n’est qu’une excuse utilisée par les Japonais pour justifier une guerre décidée à l’avance ?


[1] Le bombardement de Darwin est l’attaque aérienne japonaise du 19 février 1942 de la ville de Darwin, dans le Nord de l’Australie.

[2]Outline of proposed Basis for Agreement Between The United States and Japan en VO.

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