Ludwig Beck

Extraits Wikipédia.

Ludwig August Theodor Beck (né le 29 juin 1880 – mort le 9 mai 1945) était un général allemand et le principal opposant au régime nazi.

Ayant toujours refusé d’adhérer au parti nazi, bien qu’il en ait d’abord approuvé le soutien à la reconstitution de l’Armée et à la lutte contre le Traité de Versailles. Il en deviendra à la fin des années trente, un opposant déterminé.

Après l’assassinat d’Hitler, il devient Président du Gouvernement provisoire de la République allemande. Il se suicide après la capitulation de l’Allemagne.

Formation militaire

Né en 1880 à Biebrich dans la Ruhr, il est éduqué dans la tradition d’une famille d’officiers prussiens.

Après avoir obtenu son diplôme à l’école à Wiesbaden en 1898, Ludwig Beck intègre le 12 mars 1898 le 15ème Régiment d’artillerie de l’armée prussienne à Strasbourg. En 1899, il est diplômé de l’Académie militaire de Neisse puis promu au grade de lieutenant.

En 1902 et 1903, il suit les cours de l’École de génie de Charlottenburg, avant de rejoindre de 1908 à 1911 l’Académie de guerre à Berlin. En mars 1912, il est nommé au grand état-major général à Berlin, et promu au grade de capitaine en octobre 1913.

Première guerre mondiale

Il sert sur le front Ouest durant la Première Guerre mondiale. En 1914, il devient officier-major général en second du 6ème Corps de réserve. En 1916, il est nommé premier officier-major général de la 117ème division et plus tard de la 13ème Division de la Réserve.

Fin 1916, il rejoint l’état-major général du Haut-Commandement allemand du Groupe d’armées du Kronprinz. Le 18 avril 1918, il est promu au grade de major.

Le 12 mai 1916, il épouse Amelia Pagenstecher. Elle meurt en couche en janvier 1917 lors de la naissance de leur fille Gertrude.

Sous la République de Weimar

À l’issue de la guerre, il est maintenu au service de l’état-major général de la nouvelle Reichswehr, au format extrêmement réduit dans le cadre du Traité de Versailles.

Entre 1919 et 1922, il exerce des commandements militaires, et travaille aux côtés du Général von Seeckt. À compter du 1er octobre 1922, il devient commandant du 6ème Régiment d’artillerie à Münster. Un an plus tard, il reprend la direction des formations au commandement à l’ancienne académie militaire, tout en exerçant le commandement militaire du district 6 à Münster. Puis, pendant quatre ans, il est chef d’état-major général de l’armée du district 4 à Dresde. Après sa promotion au grade de colonel le 1er février 1929, il devient le 1er octobre commandant du 5ème Régiment d’artillerie stationné à Fulda.

En septembre et octobre 1930, alors commandant du 5ème Régiment d’artillerie, il prend la défense de trois de ses subordonnés, les lieutenants Richard Scheringer, Hans Friedrich Wendt et Hanns Ludin qui étaient accusés au tribunal de Leipzig d’appartenir au parti nazi, appartenance alors prohibée au sein de la Reichswehr. Il témoigne autant pour défendre ses subordonnés que pour faire admettre que l’appartenance au parti nazi n’était pas en désaccord avec les objectifs d’un militaire (contre le traité de Versailles). C’est à ce moment qu’il rencontre pour la première fois Hitler venu lui aussi témoigner en faveur de ces soldats.

Il commande avec Werner von Fritsch la 1ère Division de cavalerie, puis devient général en 1932 et remplace Wilhelm Adam à la tête du Truppenamt, quartier général non officiel[1].

Le Troisième Reich

En 1933, il est affecté au quartier général de la Wehrmacht. Il en devient le Chef d’état-major deux ans plus tard sous les ordres de Werner von Blomberg. Il prône le développement de l’arme blindée et soutient Heinz Guderian dans sa conception de la tactique de guerre blindée. Il fait partie d’un groupe de rédacteurs qui met au point un manuel d’opération nommé Truppenführung[2].

Il a une grande influence sur le corps des officiers, car il est reconnu comme l’un des hommes qui rendaient son prestige à l’armée. Alors que la prise du pouvoir national-socialiste se produisait, il notait : « j’avais espéré depuis des années une révolution politique, maintenant mes vœux s’exauçaient. C’était le premier rayon d’espoir depuis 1918 ».

Après avoir assisté à la Machtergreifung[3] nazie, Beck a écrit : « J’ai souhaité pendant des années une révolution politique, et maintenant mes souhaits se sont réalisés. C’est la première lueur d’espoir depuis 1918 ».

Pourtant les choses changent rapidement et, en juin 1934, contestant la politique agressive d’Hitler, il tire la sonnette d’alarme. Il pense que l’armée n’est pas prête à faire face alors que les alliances en Europe isolent l’Allemagne. Le 29 juin 1934, Beck fait part au chancelier Hitler qu’il avait accepté le poste de chef d’État-major général pour construire une armée puissante, pas pour conquérir des territoires. Hitler lui rétorqua : « une armée pour préparer la paix n’existe pas, elle n’existe que pour la conduite triomphante de la guerre ». Beck rappela la promesse d’Hitler à Hindenburg de ne pas entraîner le pays dans une nouvelle guerre et lui déclara qu’un nouveau conflit porterait sur plusieurs fronts, et que l’Allemagne ne survivrait pas. Le même jour, apprenant de Whilelm Canaris qu’Hitler s’apprête à déclencher la purge de la Nuit des Longs Couteaux, il prévient le chancelier Kurt von Schleicher qui, ne tenant pas compte de l’avertissement, est assassiné par les nazis.

Après la mort du président Hindenburg, le 3 août 1934, Hitler devient commandant en chef de l’ensemble des forces armées. Beck qui a prêté serment à Hitler, estime les conditions favorables pour la Reichswehr et soutient la remilitarisation de la Rhénanie contre l’avis du ministre de la Défense du Reich, Werner von Blomberg.

Il se montre de plus en plus critique vis-à-vis de la volonté d’Adolf Hitler de faire encadrer l’armée régulière par les troupes SS. En mai 1937, il estime que l’expansion territoriale du Reich vers la Tchécoslovaquie va trop loin. Il produit de nombreux mémorandums pour que son supérieur tente de faire changer Hitler de point de vue. Il va même jusqu’à demander secrètement à la Grande-Bretagne de résister à l’annexion des Sudètes, promettant que les généraux allemands seraient en grève pour éviter « un crime contre la civilisation », mais il n’est pas écouté. Son plus grand souci était le front Ouest qui, pensait-il, ne pouvait pas résister à une avance des troupes françaises alors que l’armée serait impliquée dans une grande offensive contre l’armée tchèque. « Le devoir d’obéissance d’un soldat se termine dès l’instant où il reçoit un ordre incompatible avec sa conscience et son sens des responsabilités ! » écrit-il ; pour protester et demeurer fidèle à ses convictions personnelles, il démissionne le 18 août 1938 et que Franz Halder lui succède 27 août, mais sa démission n’est révélée que le 31 octobre.

Au milieu des années 1930, Beck a commencé à créer son propre réseau de renseignements composé d’attachés militaires allemands, qu’il utilisait à la fois pour collecter et pour divulguer des informations. Outre les attachés militaires, Beck recrute également des civils pour son réseau de renseignement privé, le volontaire le plus notable étant Carl Friedrich Goerdeler.

Il prévient le Foreign Office britannique qu’un renversement d’Hitler est prévu et qu’un gouvernement alternatif le comprenant avec Schacht, Halder, Canaris est prêt à prendre la relève, mais Londres ignore cette proposition.

Résistance

Bien qu’à la retraite il reste en contact avec les généraux. Son prestige demeure intact au sein du corps des officiers. Son opposition à Hitler l’avait mis en contact avec un petit nombre d’officiers supérieurs désireux de déposer le dictateur, et sa maison est devenue le quartier général du petit cercle d’opposition. En janvier et février 1940, il soutient les diplomates et hommes politiques Carl Friedrich Goerdeler, Johannes Popitz, Ulrich von Hassell qui proposent une paix avec l’ouest le temps d’incorporer les territoires conquis (Autriche, Tchécoslovaquie, une partie de la Pologne). Il discute avec Goerdeler, Hassel et Erwin von Witzleben de la possibilité de sortir du régime nazi en 1940-1941.

En 1943, il fait encore partie de deux complots qui prévoient de tuer Hitler par un attentat à la bombe. Enfin, en 1944, les conspirateurs voulant éliminer Hitler lui demandent de prendre sa succession en tant que chef de l’État et des armées, Goerdeler étant censé s’emparer du pouvoir civil. En mai 1944, un mémorandum du maréchal Erwin Rommel indiquait clairement que sa participation au putsch proposé était basée sur la condition que Beck soit le chef d’État du nouveau gouvernement.

Après le déclenchement de l’opération Walkyrie, il devient Président du Gouvernement provisoire de la République allemande. Il tente alors de négocier la paix avec les Alliés tout en préservant l’honneur de l’Allemagne. Aucune des propositions n’aboutit. Les alliées souhaitent une capitulation sans conditions.

Le 8 mai 1945, l’Oberkommando des Heeres l’arrête avec Carl Goerdeler et le place en détention, dans le but d’accepter la capitulation sans condition exigée par les Alliés et les Soviétiques.

Relâchez le 9 mai, il se suicide d’une balle dans la tête sans donner d’explication. Certains pensent qu’il a commis ce geste par peur d’être jugé, d’autres pensent que c’est son échec à sauver l’Allemagne qui l’a poussé à se donner la mort.

Position politique ambiguë

L’opposition de Beck est recontextualisée, car s’il s’oppose à la guerre de conquête c’est avant tout parce qu’il juge que l’Allemangne n’est pas prête à une guerre qui sera menée sur plusieurs fronts et qui mènera le Reich à sa perte. Dans la conception de la politique de Beck, il était crucial de rétablir la puissance militaire allemande à son niveau d’avant 1919, et à partir de la seconde moitié de 1933, il préconisa un niveau de dépenses militaires dépassant même celui envisagé par Hitler. Une fois l’Allemagne suffisamment réarmée, Beck pensait que le Reich devait mener une série de guerres qui feraient de l’Allemagne la première puissance d’Europe et placeraient toute l’Europe centrale et orientale dans la sphère d’influence allemande.

De plus, lorsqu’il était encore en poste, il était un militariste convaincu. Le ministère de la guerre ne devant servir qu’une fonction administrive alors que le chef d’état-major général aurait dû être en mesure de conseiller directement les dirigeants du Reich. À la fin de 1937 et au début de 1938, Beck entre en conflit croissant avec d’autres officiers au sujet de la place et de l’importance de l’état-major général dans la hiérarchie militaire allemande, Beck souhaitant que toutes les décisions importantes soient prises par l’état-major général.

Beck n’avait par exemple aucune objection morale à l’idée d’une guerre d’agression visant à éliminer la Tchécoslovaquie en tant qu’État. En 1935, il a eu une série de réunions avec le prince Bernard von Bülow, le secrétaire d’État du ministère allemand des Affaires étrangères et le chef de l’état-major hongrois pour discuter des plans « de division de la Tchécoslovaquie ». Le 12 novembre 1937, Beck présente un mémorandum dans lequel il déclare que « divers faits » montrent la nécessité « d’une solution imminente par la force » du problème de la Tchécoslovaquie et qu’il est souhaitable de commencer à préparer « le terrain politique parmi les puissances qui sont de notre côté ou qui ne sont pas contre nous » et que la « discussion militaire dans l’un ou l’autre cas devrait commencer immédiatement ». Cependant, Beck estime que l’Allemagne a besoin de plus de temps pour se réarmer avant d’entamer une telle guerre. Selon Beck, la date la plus proche à laquelle l’Allemagne pouvait risquer une guerre était 1940, et toute guerre déclenchée en 1938 serait une « guerre prématurée » que l’Allemagne perdrait. En août 1938, Beck suggère à Brauchitsch qu’un « nettoyage » du régime nazi est nécessaire, dans lequel l’influence des SS serait réduite, mais Hitler resterait le dictateur.


[1] Le traité de Versailles interdit explicitement l’existence de l’état-major général.

[2] Ce « Traitement des formations d’armes combinées » manuel est encore la base de celui utilisé par l’armée actuellement.

[3] L’ascension au pouvoir d’Adolf Hitler.

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