Carl Friedrich Goerdeler

Extraits Wikipédia.

Carl Friedrich Goerdeler, né le 31 juillet 1884 à Schneidemühl (actuellement Piła en Pologne) est un homme politique conservateur allemand, opposant au régime nazi.

Jeunesse et début de carrière

Goerdeler naît dans une famille d’officiers prussiens. Il étudie le droit et, après la Première Guerre mondiale, rejoint le parti conservateur Deutschnationale Volkspartei (DNVP, Parti national du peuple allemand).

Il est élu Bürgermeister de Königsberg en Prusse orientale, puis maire de Leipzig en 1930.

Il est commissaire des prix sous le gouvernement de son ami Heinrich Brüning en 1931-1932, puis à nouveau en 1934-1935.

Sous la République de Weimar, Goerdeler est considéré comme un politicien habile. En 1932, Kurt von Schleicher envisage de le nommer chancelier, mais préfère finalement Franz von Papen.

Rôle dans l’Allemagne nazie et opposition

Goerdeler rentre fréquemment en conflit avec Hjalmar Schacht à propos de la politique inflationniste de ce dernier qui, selon lui, met en danger l’économie allemande. Il démissionne finalement de son poste de commissaire des prix en 1935.

Goerdeler s’oppose à l’idéologie raciale nazie. Il quitte le DNVP en 1931 lorsque le parti commence à coopérer avec le Parti national-socialiste (NSDAP). Après 1933, Goerdeler est l’un des rares hommes politiques en opposition ouverte avec les nazis. Il aide à plusieurs reprises les hommes d’affaires juifs de Leipzig victimes des restrictions économiques décidées par les nazis. Lorsque ces deniers font détruire le monument à l’effigie du compositeur juif allemand Felix Mendelssohn, Goerdeler tente de le faire reconstruire et, devant son échec, refuse sa réélection en 1937 comme maire de Leipzig et quitte son poste.

Goerdeler se voit proposer le poste de directeur du département financier de la société Krupp AG, alors la plus grande entreprise du pays. Hitler ordonne à Krupp de retirer son offre. Goerdeler devient alors directeur du département des ventes à l’étranger de la société Robert Bosch GmbH. Grâce à son nouveau poste, entre 1937 et 1938, Goerdeler voyage en France, en Grande-Bretagne, aux États-Unis et au Canada pour dénoncer la politique agressive des nazis. Pendant cette période, il rencontre à plusieurs reprises Winston Churchill et Robert Vansittart alors ministre britannique des Affaires étrangères. Bien qu’opposé à la politique extérieure du gouvernement allemand, il prône aussi, auprès de ses interlocuteurs étrangers, le rattachement à l’Allemagne des Sudètes, du corridor de Dantzig, de Memel, de la ville libre de Dantzig ainsi que des anciennes colonies africaines. En 1938, il est profondément déçu des accords de Munich qui, selon lui, détruisent la meilleure chance de provoquer un putsch contre le régime nazi.

Goerdeler poursuit ses efforts dans le but de renverser le régime nazi. Optimiste incurable et doté d’un important sens civique et de fortes convictions religieuses, il est persuadé que, s’il parvient à convaincre suffisamment de personnes, il peut alors détruire le régime nazi. Goerdeler croyait fermement que si seulement il pouvait rencontrer Hitler et lui expliquer que son leadership était nettement insuffisant sur le plan militaire et économique, alors Hitler pourrait être persuadé de démissionner en sa faveur, ce qui mettrait fin à l’Allemagne nazie par des moyens non violents. Il a fallu des efforts considérables de la part des amis de Goerdeler pour le dissuader de ce plan.

Dans ce but, il rassemble plusieurs hommes politiques et plusieurs généraux parmi lesquels Ulrich von Hassell, Ludwig Beck et Johannes Popitz, tous opposés à Adolf Hitler. Ensemble, ils développent une nouvelle Constitution pour l’Allemagne ainsi qu’une liste de ministres possible pour un nouveau gouvernement. Cette Constitution propose un fort pouvoir exécutif, un haut degré de décentralisation, un Reichstag partiellement élu sur le mode britannique « First pass the post », scrutin uninominal majoritaire à un tour. Il est assisté par son ami Dietich Bonhoeffer ainsi que le Cercle de Fribourg[1], Goerdeler étant un ardent défenseur du capitalisme et en cela est fortement opposé au socialisme défendu par le Cercle de Kreisau. En mars 1944, il écrit une lettre à plusieurs officiers de la Wehrmacht pour leur demander de s’opposer aux nazis. Cependant, Goerdeler est vivement critiqué par les autres membres de la résistance allemande, en particulier :

  • Pour son opposition au meurtre d’Hitler qu’il souhaiterait voir juger.
  • Pour ses sympathies monarchiques.
  • Pour son idéologie radicalement anticommuniste.

Après l’attentat du 20 juillet et la mort d’Hitler, Goerdeler devient Chancelier du Gouvernement provisoire de la République allemande.

Le 2 août 1944, il est pris pour cible par un attentat perpétré par un petit groupe de SS qui attaque sa voiture avec une bombe incendiaire. Goerdeler s’en sort avec des brulures au visage, aux bras et au dos.

[…]

Son souhait de parvenir à une paix rapide avec les alliés pour sauver l’honneur de l’Allemagne et tourner toutes les forces allemandes contre l’Union soviétique ne se réalisera jamais.

Les enquêtes en vue des procès d’après-guerre prouvent qu’il n’est impliqué dans aucun crime et le tribunal de Nuremberg reçoit des dizaines de lettres d’amis et connaissance de Goerdeler témoignant de sa volonté de renverser Hitler depuis les années 1930 et de protéger les juifs allemands. Comme plusieurs responsables de son gouvernement, il est simplement privé de son droit à exercer des mandats politiques. Il vit alors retirer et, mis à part quelques sorties dans la presse écrite, se fait très discret.

Il meurt le 2 février 1954 en se brisant le cou après avoir chuté dans les escaliers de sa maison.

Goerdeler et la « question juive »

Dans son essai de 1983 intitulé « Der Deutsche Widerstand und die Juden » (La résistance allemande et les Juifs), l’historien allemand Christof Dipper a soutenu que la majorité des conservateurs nationaux antinazis tels que Goerdeler étaient antisémites. L’auteur écrit que pour Goerdeler et son cercle social, « la privation bureaucratique et pseudo-légale des Juifs pratiquée jusqu’en 1938 était encore considérée comme acceptable. »

À l’inverse, l’historien canadien Peter Hoffmann, dans son essai de 2004 intitulé « The German Resistance and the Holocaust », a soutenu que Goerdeler était opposé à l’antisémitisme sous toutes ses formes, et que cette opposition a joué un rôle majeur dans la motivation de ses efforts pour renverser le régime nazi. Plus récemment, dans un second livre de 2011 « Carl Goerdeler and the Jewish Question, 1933–1942 » et un troisième livre de 2013 « Carl Goerdeler gegen die Verfolgung der Juden » (Carl Goerdeler contre la persécution des Juifs), Hoffmann a défendu Goerdeler contre l’accusation d’antisémitisme. Hoffmann cite des mémorandums à destination d’Hitler datant des années 1934 à 1939 dans lesquels Goerdeler exhorte le gouvernement à changer sa « politique juive » pour des raisons de justice et d’intérêt national. Goerdeler soutient alors que l’Allemagne ne peut entretenir de bonnes relations avec la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis que si les politiques concernant « la question juive, la question des francs-maçons, la sécurité juridique, la question de l’Église sont modifiées. »

Dans son livre Valkyrie : Hahitnagdut Hagermanit Lehitler (Valkyrie : les Allemands contre Hitler), publié en 2010, l’historien israélien Danny Orbach a défendu Goerdeler contre l’accusation d’antisémitisme en soulignant le soutien marqué de Goerdeler au sionisme et son travail avec Chaim Weizmann pour encourager les Juifs allemands à s’installer dans le mandat britannique pour la Palestine. Avant la guerre, Goerdeler avait imploré le gouvernement britannique de faire pression sur Hitler afin d’alléger sa « politique juive ». En 1941, il a proposé à la Société des Nations de fonder un État juif qui étendrait la citoyenneté juive à tous les Juifs du monde. Il reprend la même position dans l’une de ses rares sorties médiatiques d’après-guerre, encourageant les juifs d’Europe et du monde à rejoindre la Palestine.


[1] Freiburger Kreis, une école de pensée économique fondée dans les années 30 en Allemagne. La défense par le groupe d’une politique économique néo-libérale explique également le développement conceptuel de l’économie sociale de marché.

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