Extraits Wikipédia.

Le Général Tomoyuki Yamashita (né le 8 novembre 1885, mort le 2 mai 1964) est le deuxième fils d’un médecin d’Osugi, un village situé dans ce qui fait aujourd’hui partie de Ōtoyo, dans la préfecture de Kōchi, à Shikoku. Il a fréquenté des écoles préparatoires militaires dans sa jeunesse.
Début de carrière militaire
En novembre 1905, Yamashita sort diplômé de l’Académie de l’armée impériale japonaise. Il termine classé 16ème sur 920 cadets. En décembre 1908, il est promu Lieutenant et combat contre l’Empire allemand lors de la Première Guerre mondiale à Shandong, en Chine, en 1914. En mai 1916, il est promu capitaine. Il suit la 28ème promotion de l’école militaire impériale du Japon, obtenant la 6ème place de sa promotion. La même année, il épouse Hisako Nagayama, fille d’un général à la retraite. Yamashita devient un expert de l’Allemagne et sert comme attaché militaire adjoint à Berne et Berlin de 1919 à 1922.
En février 1922, à son retour au Japon, le Major Yamashita sert au quartier général impérial et à l’école d’état-major, et est promu Lieutenant-Colonel en août 1925. Alors qu’il est affecté à l’état-major de l’armée impériale japonaise, il est responsable du programme qui vise à réformer l’armée japonaise en rationalisant son organisation. Malgré ses capacités, Yamashita échoue dans ses réformes et tombe en disgrâce en raison de son implication dans le jeu des factions au sein de l’armée japonaise.
En tant que membre important de la faction de la « Voie impériale », il devient un rival de Hideki Tōjō et d’autres membres de la « Faction du contrôle ». En 1927, Yamashita est affecté à Vienne, en Autriche, en tant qu’attaché militaire jusqu’en 1930. Il est alors promu au rang de colonel. En 1930, le colonel Yamashita se voit confier le commandement du 3ème Régiment d’infanterie de la Garde impériale. Il est promu Major-Général en août 1934.
Après l’incident du 26 février 1936, il tombe en disgrâce auprès de l’empereur Hirohito en raison de son appel à la clémence envers les officiers rebelles impliqués dans la tentative de coup d’État. Il se rend compte qu’il a perdu la confiance de l’empereur et décide de démissionner de l’armée, décision que ses supérieurs le dissuadent d’appliquer. Il est finalement relégué à un poste en Corée, où il a reçoit le commandement d’une brigade. Dans son article intitulé « Le Général Tomoyuki Yamashita : commandant de la vingt-cinquième armée », Akashi Yoji affirme que son séjour en Corée lui a donné l’occasion de réfléchir à sa conduite pendant le coup d’État de 1936 et d’étudier en même temps le bouddhisme zen, ce qui lui a permis d’assouplir son caractère tout en lui inculquant un haut niveau de discipline[1].
Yamashita est promu Lieutenant-Général en novembre 1937. Il insiste pour que le Japon mette fin au conflit avec la Chine et maintienne des relations pacifiques avec les États-Unis et la Grande-Bretagne, mais il est ignoré et affecté à un poste sans importance dans l’armée du Kwantung. De 1938 à 1940, il est affecté au commandement de la 4ème division qui connaît quelques actions dans le nord de la Chine contre les insurgés. En décembre 1940, Yamashita est envoyé en mission militaire clandestine de six mois en Allemagne et en Italie, où il rencontre Adolf Hitler ainsi que Benito Mussolini.
Seconde guerre mondiale
Le 6 novembre 1941, le Lieutenant-Général Yamashita est placé à la tête de la 25ème armée. Le 8 décembre, il lance l’invasion de la Malaisie à partir de bases situées en Indochine française. Yamashita estime que seule une « charge en avant » peut assurer la victoire en Malaisie. Il l’explique par le fait que les forces japonaises étaient environ trois fois moins importantes que les forces britanniques opposées en Malaisie et à Singapour. Le plan consiste à conquérir la Malaisie et Singapour le plus rapidement possible afin de surmonter tout désavantage numérique et de minimiser les pertes potentielles d’une bataille longue et prolongée. Certains parleront de « Blitzkrieg à la japonaise ». La campagne de Malaisie se conclut par la chute de Singapour le 15 février 1942, au cours de laquelle 30 000 soldats japonais capturent 80 000 soldats britanniques, indiens et australiens, ce qui constitue la plus grande reddition de sous commandement britannique de l’histoire. Cela a conduit le Premier ministre britannique Winston Churchill à qualifier la chute ignominieuse de Singapour aux mains du Japon de « pire désastre » et de « plus grande capitulation » de l’histoire militaire britannique. Yamashita gagne le surnom de « Tigre de Malaisie ».
La campagne et l’occupation japonaise de Singapour qui s’en est suivie ont donné lieu à des crimes de guerre commis à l’encontre du personnel allié captif et des civils, tels que les massacres de l’hôpital Alexandra et de Sook Ching.
Le 17 juillet 1942, Yamashita est réassigné au commandement des troupes de la 1ère Armée régionale japonaise au Manchukuo. Cette affectation a été décidée par le Premier ministre Tōjō suite à une « gaffe » de Yamashita lors d’un discours tenu à Singapour dans lequel il considéra la population locale comme « citoyen de l’Empire du Japon » alors pour le gouvernement Tōjō, les habitants des territoires « libérés » ne sont que des citoyens de seconde zone.
Le 23 décembre 1942, sur ordre direct de l’Empereur, il est promu Général et prend la tête des troupes en Birmanie. Il remporte un succès de grande envergure lors de l’Opération U-GO. Son action lui vaudra un nouveau surnom : « le Tigre de Birmanie » dans ce qui restera la dernière grande offensive terrestre de l’Armée impériale japonaise. Contrairement, à ce qui s’est passé en Malaisie, les crimes de guerre et mauvais traitements sont beaucoup plus rares. D’abord parce que les troupes de l’Armée britannique parviennent à battre en retraite et qu’en conséquence le nombre de prisonniers est bien plus faible. Ensuite parce que les territoires conquis en Inde sont placés sous le contrôle de l’Azad Hind de Subhas Chandra Bose. Enfin, parce que Yamashita s’est montré impityouable en vers les rares hommes à avoir désobéissent à ses ordres. Ainsi, un lieutenant dénommé Hajima Kagawa[2], est frappé à coup de bâton jusqu’à l’évanouissement devant des prisonniers du Commonwealth, après les avoirs faits dormir à l’air libre dans enclot boueux et jonché d’excréments. Si la punition infligée par Yamashita est elle aussi qualifiable de crime, elle en a très probablement évité d’autres selon certains historiens. Yamashita a aussi profité de cette campagne pour être en application certain de ces préceptes, notamment avec l’usage des « forces spéciales » telles que les Volontaires Takasago et la 1ère Division parachutiste, utilisés dans ce qui reste la seule véritable opération aéroportée japonaise du conflit.
Carrière d’après guerre
Tout au long de sa carrière, Yamashita n’a cessé d’insister sur la mise en œuvre de ses propositions, qui comprenaient « la rationalisation de l’arme aérienne, la mécanisation de l’armée, l’intégration du contrôle des forces armées dans un ministère de la défense coordonné par un président des chefs d’état-major interarmées, la création d’un corps de parachutistes et l’utilisation d’une propagande efficace ». De telles stratégies ont provoqué de nombreuses frictions avec le général Hideki Tōjō.
Après la guerre civile coréenne, âgée de 65 ans, il est mis en retraite de l’armée et assume divers postes à hautes responsabilités devenant chef d’État-major interarmées puis ministre de la Guerre. Il implémente enfin la transformation nécessaire aux forces armées japonaises pour en faire des forces modernes : séparation et rationalisation de l’Arme aérienne, fusion des ministères de marine et de l’arme dans un ministère de la guerre, pérennisation des forces spéciales…
En 1955, âgé de 70 ans, il quitte définivement la vie politique et militaire et ne fera plus aucune apparition publique et mènera une vie paisible jusqu’à sa mort, le 2 mai 1964, à l’âge de 79 ans, des suites d’une attaque cérébrale. Il est entré au cimetière de Tama à Tōkyō. Tomoyuki Yamashita et son épouse Hisako n’ont pas eu d’enfant.
Accusation de crimes de guerre
Après la guerre, il est mis en cause dans les massacres et pillages de l’Hôpital Alexandra et de Sook Ching lors du procès de Tōkyō. Selon des témoignages, l’ordre d’exécuter 50 000 Chinois est venu d’officiers supérieurs au sein de l’état-major de Yamashita, non de Yamashita lui-même. Les troupes de Yamashita avaient combattu en Chine, où il était habituel de procéder à des massacres pour soumettre la population. Le major Ōnishi Satoru, l’un des accusés dans le procès d’après-guerre, a affirmé qu’il avait obéi à un ordre spécifique par le quartier général impérial résumé ainsi « En raison du fait que l’armée avance rapidement et afin de préserver la paix sur nos arrières, il est essentiel de massacrer le plus grand nombre possible de Chinois qui semblent d’une manière ou d’une autre avoir des sentiments anti-japonais ». Le témoignage d’Ōnishi Satoru incrimine, sans le nommer, le général Hideki Tōjō dont les ordres auraient été transmis aux troupes en courcicruitant la chaîne de commandement de Yamashita. En plus de Tōjō, ce sont finalement deux de ses subordonnés qui sont condamnés. Pour ne pas avoir su prévenir, le comportement de ses troupes Yamashita recevra un blâme symbolique.
Il écrira et transmettra une longue lettre d’excuse aux associations de prisonniers et aux survivants qui subirent les violences des troupes japonaises dans la péninsule malaise et il se rendra aux mémoriaux de l’Hôpital Alexandra et de Sook Ching. D’après l’historien Akashi Yoji, cela est conforme à la personnalité et aux convictions de Yamashita. Selon lui, les premiers ordres donnés par Yamashita aux soldats étaient « pas de pillage ; pas de viol ; pas d’incendie », et que tout soldat commettant de tels actes serait sévèrement puni et son supérieur tenu pour responsable[3]. Selon Akashi, le principal problème de Yamashita est que, bien qu’il soit un excellent tacticien, ses idéaux personnels le mettaient constamment en désaccord avec l’état-major général et le ministère de la Guerre. Les autres officiers avaient du mal à accepter le fait qu’il traitait avec humanité les prisonniers de guerre ainsi que les dirigeants britanniques dans un contexte ou le massacre et les traitements inhumains étaient devenus une activité courante dans l’Armée impériale.
L’Opération Lys d’Or
En 1999 et 2003, deux livres de Sterling et Peggy Seagrave[4] accusent Yamashita d’avoir organisé les pillages systématiques des territoires qu’il a conquis en complicité avec la famille impériale japonaise dans le cadre de l’Opération Lys d’Or. Selon les auteurs, banques, musées, temples, riches particuliers et même les mafias locales furent méthodiquement pillés. L’énorme butin (dans l’estimation varie de 100 à 600 milliards de dollars actuels) aurait été rassemblé aux Philippines en avant d’être expédié par bateau au Japon. Les métaux précieux étant ensuite fondus et transformés en lingots. Certains historiens contredisent l’entièreté de la théorie de Sterling et Peggy Seagrave. D’autres notent simplement que si le pillage est plausible, le fait de rassembler tout le trésor aux Philippines fait peu de sens. Le Japon ayant le contrôle des voies maritimes allant de la Birmanie au Japon, le trésor aurait été directement expédié au Japon. Le travail des Seagrave reste le seul disponible sur ce sujet en occident. Toute le reste de la littérature sur le sujet étant en uniquement disponible en japonais. Le documentaire « Le trésor secret de Netaji Bose[5] » de la chaîne History TV18[6] assure, sans en apporter la preuve, que les caisses du gouvernement provisoire de l’Inde libre, futur gouvernement de la République indienne du Bengale, furent remplies par Tomoyuki Yamashita via le trésor de l’opération Lys d’Or. Ainsi, selon le documentaire, les Japonais auraient transféré 70 tonnes d’or, métaux précieux et pierres précieuses à l’Azad hind. Le documentaire accuse aussi Subhas Chandra Bose d’avoir détourné 135 kg d’or pour se constituer une fortune personnelle[7]. La diffusion du documentaire, considéré à charge, diffame et sans fondement fut très mal perçue au Bengale.
[1] Sixty Years On: The Fall of Singapore Revisited. Eastern Universities Press. 2003.
[2] Fictif.
[3] Sixty Years On: The Fall of Singapore Revisited. Eastern Universities Press. 2003.
[4] « The Yamato dynasty: the secret history of Japan’s imperial family » et « Gold warriors: America’s secret recovery of Yamashita’s gold ».
[5] « Netaji Bose – The Lost Treasure » dans notre ligne temporelle.
[6] Anciennement connue sous le nom de The History Channel est une chaîne de télévision panindienne diffusant des programmes liés aux événements historiques, à l’infotainment et aux personnes, détenue par une coentreprise entre A+E Networks, propriétaire de la chaîne américaine History, et TV18, un groupe médiatique indien JV. Elle est disponible en cinq langues et en full HD dans tout le sous-continent indien.
[7] Voir « INA treasure controversy » dans notre ligne temporelle.
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