Extraits de « Les Shoguns de l’Ombre : Kido et Yamamoto mettent fin à la guerre du Pacifique » — Shichiro Shoryu & Eugene Thornton — Édition Ackerman.
La bataille de Tarawa fut la première et la plus symbolique du début de l’avancée américaine dans le pacifique central. Au-delà du véritable bain de sang sur Tarawa, la conquête des îles Gilbert fut relativement facile pour l’US Navy, car les îles restantes étaient faiblement défendues, voire abandonnée. En effet, si Tarawa fut fortement défendu afin de tester les Américains, les autres îles n’avaient qu’une modeste garnison, généralement constituée de détachements de construction, de maintenance et de sécurité, permettant des patrouilles de reconnaissance aérienne et le ravitaillement des sous-marins. On peut noter que même si la bataille de Tarawa fut gagnée par les Américains, l’étendue des pertes passa très mal auprès de l’opinion publique américaine, ce qu’espérait l’Amiral Yamamoto, même s’il n’avait moyen d’en avoir écho. La guerre étant ce qu’elle est, les deux camps n’auront connaissance des sentiments de leurs opinions publiques respectives qu’après la guerre.
D’après le Graybook de l’Amiral Nimitz, ce dernier était de ceux qui étaient de plus en plus agacés par la stratégie des Japonais. Alors que la conquête des Gilbert fut bouclée en deux semaines, les opérations de reconnaissances révélèrent que les îles Marshall avaient été abandonnées. Seule l’île de Truk, compte encore une petite garnison pour opérer l’aérodrome et les 35 avions qui l’occupent principalement pour assurer des missions de reconnaissance. Or, l’une des composantes de l’avancée vers Saipan était de pouvoir attirer la flotte japonaise pour éroder son potentiel, voir l’anéantir. Malheureusement pour les stratèges américains, l’Empire du Japon ne cessait de se dérober en frappant fort avant de disparaître. L’abandon des Salomon puis de la Papouasie–Nouvelle-Guinée aurait pu mettre les bases de la Flotte combinée à portée des bombardiers alliés si l’Amiral Yamamoto n’avait pas fait déplacer la flotte à Palau.
Une tentative d’attirer la flotte japonaise dans une bataille a lieu dans de la cadre de l’opération Hailstone du 20 au 23 octobre 1943. Ainsi, la Task Force 58 de l’Amiral Mitcher, arrivant de Rabaul, entame une série de raids contre l’île. La Task Force 58 se compose de cinq porte-avions (Entreprise, Yorktown, Essex, Intrepid et Bunker Hill) et de quatre porte-avions légers (Belleau Wood, Cabot, Monterey et Cowpens), transportant au total plus de 500 avions de guerre. Ces porte-avions sont soutenus par sept cuirassés et de nombreux croiseurs lourds, croiseurs légers, destroyers et sous-marins. Les Américains, induits en erreur par les Japonais, pensent alors attaquer une base d’importance. En effet, comme à Tarawa, les Japonais ont construit des faux avions en bois pour tromper les opérations de reconnaissance ennemies. Équipés de roues rustiques, ces faux-avions sont régulièrement déplacés, de nuit, afin de faire croire à une activité aérienne relativement élevée. Ainsi, les renseignements de l’US Navy pensent que Truk opère près de 350 avions alors qu’en réalité, il y en a dix fois moins. La présence de quelques navires dans le lagon aide à renforcer l’illusion. Si certain navire sont réellement actifs dans la région afin de ravitailler les faibles garnisons restantes, les 4 cargos occupant le lagon sont en fait des cargos de faible tonnage utilisé comme leurre. Pour les Américains, il ne fait aucun doute qu’en attaquant un avant-poste de cette importance, la flotte japonaise se portera au combat. Au final, après trois jours de bombardement aérien et de pilonnage par les cuirassés, la garnison est anéantie et 4 vieux cargos gisent au fond du lagon (Shotan Maru, Gosei Maru, Taikichi Maru et Tachi Maru). Se rendant finalement compte de la supercherie, les Américains quittent la zone, laissant derrière eux 77 morts et 250 blessés dans les rangs japonais.
Ainsi, il ne restait qu’une seule option aux Américains : foncer droit jusqu’aux Mariannes. Cette fois-ci, la marine japonaise ne pourrait pas rester sans réagir. Nimitz, appuyé par Halsey et Spruance, fait valider des modifications du plan de conquête des Mariannes. Il est décidé de profiter des mois de novembre et décembre pour établir des bases dans les îles Gilbert et Marshall tout en préparant les forces devant conquérir les Mariannes. C’est l’opération Clean Sweep qui voit l’américain reprendre le contrôle de Kwajalein, Roi-Namur et Eniwetok en seulement 4 jours entre le 1er et 5 novembre 1943. La conquête de Kwajalein et Roi-Namur voit la mort de 78 Japonais dans les bombardements suivie de la reddition de 24 survivants face au débarquement américain. À Eniwetok, 33 Japonais sont tués et 14 sont fait prisonnier
Quant à l’opération d’invasion des Marianne, elle doit attendre le mois de janvier 1944 et le retour du Général Vandergrift à la tête de la 1ère Division de Marines qui sera le fer de lance des forces amphibies. Le plan américain est de conquérir Saipan durant les premiers jours du mois de janvier puis d’y baser des avions qui appuieraient la conquête du reste des Mariannes. La marine japonaise ne pourrait pas laisser les Américains s’installer aussi près du Japon, la redoutable Flotte combinée sera forcément de la partie. Seul problème pour Nimitz, le débarquement dans les Mariannes doit être bouclé avant la fin du mois de février 1944, car des milliers d’hommes devaient être transportés à travers l’atlantique en vue du débarquement en Europe, mobilisant de nombreux navires de transport. La conquête des Mariannes se doit donc d’être une campagne expresse. Comme on peut le voir, sans s’en rendre compte, l’US Navy fait alors exactement ce que la marine japonaise espère. Toutefois, les deux camps sont alors persuadés de l’emporter. Or, dans une guerre il n’est censé y avoir qu’un seul gagnant.
Relecture rapide :
En effet, si Tarawa fut fortement défendu afin de test…s les Américains
les 4 cargos occupant le lagon sont en fait des cargos de faible »de » tonnage utilisé comme leurre
La conquête de Kwajalein et Roi-Namur voit la mort de 78 Japonais dans les bombardements suivie de la »réédition » de 24 survivants
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Bien vue, merci.
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