Les 30 jours de la Baltique

Extraits Wikipédia.

« Les 30 jours de la Baltique » est le surnom donné à l’Opération Auszug (Exode). Une opération d’évacuation massive des troupes allemandes encerclées dans les pays baltes. L’Opération s’est déroulée du 2 septembre au 2 octobre 1944.

Contexte

Article détaillé : Bataille de Narva (1944)

L’Opération Auszug est décidée dans un contexte difficile pour l’armée allemande qui est repoussée sur tous les fronts. Les troupes du Groupe d’armées Nord du Général Georg Lindemann sont sur le point d’être encerclées en Estonie et Lettonie, et cela, malgré la victoire défensive allemande lors de la bataille de Narva. La Kriegsmarine reçoit pour mission d’évacuer le maximum de troupe afin de permettre leur redéploiement sur le front de la Vistule.

Plan et forces allemandes

La 1ère Flotte et la Flotte de la Baltique sont déjà sur place et commencent donc à évacuer blessés et civils dès le 2 septembre 1944, qui marque pour les Allemands le début de l’opération. La flotte de l’Atlantique quant à elle se met en route vers la zone.

Les forces de la Heer doivent tenter de reculer au fil de l’évacuation afin de réduire le front à tenir et éviter l’effondrement de leur périmètre alors que la quantité de troupes disponible ira en se réduisant.

Les évacuations sont conduites depuis les ports de Riga en Lettonie et Tallinn en Estonie vers les ports allemands de Dantzig et Gotenhafen[1].

Flotte d’évacuation, commandée par le Vice-Amiral Theodor Krancke :

  • Flotte de la Baltique : Croiseurs légers Emden, Nürnberg et Leipzig. Six flottilles de transports.
  • 1ère Flotte : Croiseurs lourds Gneisenau, Schlesien, Schleswig-Holstein, Amiral Hipper, Prince Eugen. Croiseur léger Köln.
  • Flotte de l’Atlantique : Cuirassé Tirplitz, croiseur Amiral Scheer.
  • Les 1ère, 2ème, 3ème et 6ème flottilles de destroyers.
  • Les sous-marins de la 6ème et de la 14ème flotte de U-boots.

Les unités encerclées sont les suivantes :

  • Groupe d’Armées Narva, commandé par le Général Johannes Frießner : 3ème Germanische Panzerkorps[2] (1ère et 2ème Légions lettones[3], 1ère Légion estonienne[4], Légions Nordland[5], Nederland, Langemark), 25ème Corps d’Armée (265ème, 353ème et 266ème Divisions d’infanterie, 2ème Division de Fallschirmjäger) et 43ème Corps d’Armée (389ème, 205ème, 225ème et 58ème Divisions d’infanterie).
  • 18ème Armée commandée par Général Ehrenfried-Oskar Boege : 1er Corps d’armée (11ème et 126ème Divisions d’infanterie) et 10ème Corps d’armée (14ème Panzedivision et 31ème Division d’infanterie), 52ème Division d’Infanterie et 12ème Panzerdivision.

Premier front balte de l’Armée rouge

Le premier front balte est une unité de l’Armée rouge, créée le 12 octobre 1943 par un simple changement de nom du front de Kalinine. Ce front est commandé par le général Hovhannes Bagramian et est constitué des unités suivantes :

  • 4ème Armée de Choc (83ème Division de fusiliers)
  • 6ème Armée de la Garde (2ème, 22ème, 23ème et 103ème Corps de fusiliers de la Garde)
  • 43ème Armée (1er, 60ème et 92ème Corps de fusiliers, 1er Corps de chars)
  • 3ème Armée aérienne (11ème Corps d’aviation de chasse)

Déroulement

Articles détaillés : Bataille de Riga (1944), Bataille de Tallinn (1944)

Dès le 2 septembre, l’ensemble des navires présents dans la poche de la Baltique quitte leurs ports. À bords se trouvent de nombreux blessés et malades, mais aussi des civiles germanophones, car le gouvernement allemand redoute qu’ils soient victimes de représailles soviétiques. Cette première évacuation se fait sans problème. Les Soviétiques n’ont pas de flotte capable d’attaquer la force allemande et l’aviation, prévenue trop tard, ne peut pas faire grand-chose. Dès lors, les Allemands commencent à reculer pour réduire leur périmètre défensif.

Le Groupe d’Armées Narva est la priorité des trois évacuations suivantes. Il faut le soutien de la chasse allemande pour protéger les navires. La dernière des trois évacuations depuis Tallinn se déroule le 22 septembre 1944. Les bombardiers soviétiques font des ravages dans le dernier convoi puisque le croiseur léger Emden et deux transports sont coulés, faisant plus de 2 300 morts. Le Général Johannes Frießner, resté avec ses troupes, reçoit l’autorisation de capituler. L’ordre est appliqué le 25 septembre après que des U-boots ont évacué quelques derniers blessés graves.

Le 16 septembre 1944, la 16ème Armée depuis l’extérieur de la poche et les 52ème Division d’Infanterie et 12ème Panzerdivision depuis l’intérieur lance une contre-attaque pour briser l’encerclement et permettre aux Panzers de se dégager. En soutien des troupes au sol, la Luftwaffe engage trois escadrons Fw190, deux escadrons de bombardier Do 217 et deux escadrons Ju 87 Stukas dont l’un est piloté par le légendaire Hans-Ulrich Rudel. Durant leur poussée en direction de Riga, les Allemands parviennent repousser les Soviétiques à Tukums, capturant et détruisant d’importants dépôts logistiques. Une offensive d’opportunité au sud du front permet aussi de capturer Šiauliai et de menacer le flanc du Premier front balte de l’Armée rouge, obligeant le général Hovhannes Bagramian à détourner des unités pour protéger son flanc. La route de Riga est rouverte le 20 septembre 1944, mais la poche de la Baltique se referme rapidement, dès le 26 septembre, sur ce qui reste du 1er et du 10ème Corps d’Armée ainsi que le Groupe d’armées Narva. Durant les deux jours suivants, seuls des sous-marins et quelques avions de transport viennent évacuer des blessés.

Char Panther près de Riga.

Le 26 septembre, depuis Riga, avec les chasseurs allemands en défense, la flotte allemande à laquelle sont venus s’ajouter des paquebots (dont le Wilhelm Gustloff et Deutschland IV) entame son avant-dernier voyage. Le croiseur Schleswig-Holstein est coulé par le sous-marin soviétique L-3 dans la nuit du 26 au 27 septembre. Le navire débordait littéralement de troupes lorsqu’il a été foudroyé par quatre torpilles. Aux explosions dévastatrices s’ajoutent les flammes et le froid, seuls 536 survivants seront repêchés.

Alors que l’étau se resserre, la Kriegsmarine engage une véritable course contre-la-montre. Les avions soviétiques sont de plus en plus nombreux au-dessus de Riga et la poche se réduit de jour en jour, elle ne fait plus que 240 kilomètres. Les unités restant dans la poche passent alors sous le commandement du Germanische Panzerkorps, dont les unités non lettones et l’état-major n’ont pas évacué. Le Grand-Amiral Erich Raeder ordonne alors au Vice-Amiral Theodor Krancke de renvoyer ses navires dès qu’ils auront déchargé et ravitaillé, sans se regrouper.

Du 1er au 2 octobre, les navires arrivent par petits groupes. D’abord des destroyers puis — le lendemain — les croiseurs, transports et paquebots. Ces deux derniers jours d’évacuation sont chaotiques et cette désorganisation va même partiellement gêner les avions et sous-marins soviétiques qui espéraient faire un véritable carnage. Le paquebot Goya et deux destroyers sont coulés. L’un par un sous-marin et les autres par des bombardiers soviétiques. Près de 5 500 personnes sont tuées dans leurs naufrages.

Le Vice-Amiral Krancke annonce aux dernières troupes encerclées qu’il n’y aura pas d’autre évacuation. Il conclut son message avec ces mots « … je suis désolé. Bonne chance à tous. »

Les 80 000 survivants du Germanische Panzerkorps tiendront, dans des conditions effroyables, la poche de Riga jusqu’au 5 novembre 1944. Ce jour-là, le général Felix Steiner, à court de munitions et de vivres, annonce la capitulation de ses troupes.

Conséquences

Auszug est un succès stratégique non négligeable pour les Allemands. 600 000 personnes — essentiellement des combattants — ont été évacuées de la poche de la Baltique. Ces combattants vont pouvoirs être rééquipés et envoyer sur la ligne de défense Königsberg-Vistule. Autant d’hommes que les Soviétiques vont devoir combattre à nouveau. De plus, pendant que l’Armée rouge concentre ses efforts sur les poches de Riga et Tallinn, les troupes allemandes arrivent à évacuer ou rétablir leurs lignes dans les pays baltes, évitant un encerclement dans la péninsule de Courlande et permettant une retraite relativement bien ordonnée à travers la Lituanie.

Les poches de Tallinn et Riga permettront aux Soviétiques de faire plus de 100 000 prisonniers. S’ajoutent aux pertes allemandes, près de 30 000 morts et blessés.

Les légionnaires estoniens et lettons qui ont combattu aux côtés des Allemands subissent alors de féroces représailles de la part des Soviétiques. La plupart sont envoyés au goulag, mais des rumeurs d’exécutions massives courent sans avoir pu être totalement vérifiées.

Il est à noter qu’encore aujourd’hui l’évacuation allemande reste vécue comme une véritable trahison par une partie des Estoniens et Lettons. Ces derniers n’avaient pas été informés du vrai but de l’évacuation allemande. Ils avaient été assurés que l’évacuation allait s’accompagner d’une contre-offensive majeure pour libérer la poche depuis l’extérieur. Les Allemands avaient poussé le cynisme suffisamment loin qu’ils avaient préparé un faux plan et une opération appelée Doppelkopf, qu’ils avaient présenté à leurs alliés baltes.


[1] Actuelle Gdynia en Pologne.

[2] Ex III. (Germanisches) SS-Panzerkorps.

[3] Ex 15ème et 19ème Division de Grenadier la SS

[4] Ex 20ème Divsion SS « Estnische Nr. 1’

[5] Ex 11ème division SS « Nordland ».

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