Avancée alliée de Paris jusqu’au Rhin

Extraits Wikipedia.

Contexte et plans

Articles détaillés : Bataille de Normandie, Débarquement de Provence

Les forces allemandes ont été mises en déroute après la percée alliée en Normandie. Les Alliés ne rencontrent alors qu’une résistance limitée sur la route de Paris qui est libéré le 22 août 1944. Alors que les ports libérés doivent être remis en état et que certains ont été transformés en « forteresse », les Alliés doivent alors marquer une pause opérationnelle pour se réorganiser et se ravitailler. Cette pause permet aux forces allemandes de se replier en bon ordre et de préparer des lignes de défense sur les fleuves.

En septembre 1944, le 21ème Groupe d’armées (Maréchal Bernard Montgomery) au Nord, le 12ème Groupe d’armées (Général Omar Bradley) et le 6ème Groupe d’armées (Lieutenant-Général Jacob Devers) au centre sont regroupés au sein d’un seul front sous le commandement du Quartier Général des Forces Alliées en Europe du Général Dwight Eisenhower. Ce dernier préfère avancer de manière coordonnée en un large front ou les Groupes d’Armée peuvent s’appuyer les uns les autres. Montgomery et Bradley se proposent respectivement comme fer de lance d’une percée vers l’Allemagne.

La percée en Normandie a pris plus de temps et consommé plus de ressources que prévu. Ensuite, l’avancée alliée a été plus rapide que les nouvelles prévisions. Ainsi Bradley disposait de quatre divisions de plus que prévu et ses forces avaient avancé de 240 km de plus que les meilleures estimations. Il devient alors impossible pour les alliés de ravitailler correctement leurs forces.

Avec la destruction de l’un des « ports Mulberry » lors d’une tempête, les Alliés ont plus que jamais besoin d’un port en eau profonde pour se ravitailler efficacement. Les meilleurs candidats en France sont Calais, Boulogne-sur-Mer, Dunkerque et Le Havre qui sont toujours aux mains des Allemands. Le port d’Anvers en Belgique devient alors l’un des objectifs alliés qui doivent pour le moment se contenter des ports d’Isigny-sur-Mer, Port-en-Bessin-Huppain et Courcelles ainsi que le pipeline Pluto. Toutefois, le front avance plus vite que le pipeline et les chemins de fer étant détruits, le carburant doit être acheminé par camion, ce qui est insuffisant.

Dans le Sud, les ports libérés par l’opération Dragoon ne seront pas utilisables avant plusieurs semaines à cause des destructions opérées par les Allemands. Ces derniers ont aussi détruit une bonne partie des infrastructures pendant leur retraite.

Les alliés savent que leur principale difficulté face aux Allemands sera leur utilisation des obstacles naturels et des villes comme base de leur défense.

Eisenhower prévoit deux opérations pour achever la libération de la France et assurer la logistique alliée. Le 12ème Groupe d’armées et le 6ème Groupe d’armées se voient confier l’opération Queen’s Gambits qui doit repousser les Allemands jusqu’à la ligne Siegfried. Le 21ème Groupe d’armées de Montgomery doit libérer les ports du nord de la France et d’Anvers au cours de l’opération Newt[1]. Les deux opérations doivent démarrer simultanément le 19 novembre 1944, une fois la logistique des unités rétablies.

Retraite et réorganisation allemande

Les Allemands ont réussi à retirer la majorité de leurs troupes de Normandie et du Cotentin. En détruisant une partie des ponts après la traversée de la Seine, ils ont un peu de répit.

Le 64ème Armeekorps[2] s’installe sur la Somme, d’Abbeville à Amiens. Le 25ème Armeekorps et le 74ème Armeekorps s’installent entre Soissons et Reims. Ces unités couvrent les mouvements des 7ème Armée et 15ème Armée qui se replient plus à l’Est. Le 80ème Armeekorps s’établit entre Bar-le-Duc et St Diziez pour couvrir l’installation du Heeresgruppe G sur la ligne Metz-Nancy-Epinal-Belfort. Le plan de retrait allemand est baptisé Opération Herbstnebel[3]. Les Allemands en profitent aussi pour réorganiser leurs unités durement secouées. Certaines formations sont dissoutes pour combler les pertes des autres.

État du front avant les opérations Newt et Queen’s Gambit.

Opération Newt

Articles détaillés : Opération Fusillade, Opération Astonia, Opération Wellit, Opération Undergo, Siège de Dunkerque, Opération Market-Garden, Bataille de l’Escaut

Le Maréchal Montgomery a pour mission de libérer les ports du nord de la France et de la Belgique. Cela doit à terme conduire à la libération des Pays-Bas et ouvrir la route vers l’Allemagne en contournant la ligne Siegfried. Le plan britannique comporte plusieurs sous-opérations ayant chacune pour objectif un port.

Dieppe, Opération Fusillade :

Dieppe est prise sans combat. Les Allemands ont abandonné la ville, jugeant son port trop modeste pour être utile sur le plan logistique. Les installations portuaires ont été partiellement détruites par les Allemands. La 2ème Division d’Infanterie canadienne prend la ville le 5 septembre 1944. C’est tout un symbole pour les Canadiens qui ont subi un carnage lors du raid de Dieppe lors de l’opération Jubilee en août 1942. Malgré les sabotages allemands, le port est de nouveau opérationnel dès le 11 septembre 1944.

Le Havre, opération Astonia :

Le 19 septembre 1944, le Havre subit un assaut en règle du 1er Corps britannique. Les soldats utilisent toute une variété de chars exotiques surnommés les « Hobart’s Funnies ». La ville subit un bombardement aérien massif et une préparation d’artillerie depuis les terres et la mer. Après 48 heures de combat, les Allemands se rendent, car ils ont épuisé leur maigre stock de munitions.

Le succès tactique est terni par un échec stratégique. Le port a subi des destructions importantes : 350 bateaux gisent dans la rade, 18 km de docks sont détruits ainsi que 15 000 bâtiments.

La campagne de bombardement précédent l’assaut a fait 2 000 victimes civiles pour seulement une vingtaine d’Allemands. Pourtant, Hermann-Eberhard Wildermuth — commandant de la garnison — a demandé à plusieurs reprises une trêve pour permettre l’évacuation des civiles. Un officier britannique est même arrêté pour avoir refusé de « prendre part à ce massacre ».

Boulogne-sur-Mer, opération Wellit :

Après deux semaines de combat, le 21ème Groupe d’armées de Montgomery parvient à repousser le 64ème Armeekorps de ses positions sur la Somme. Les allemands, harcelés en permanence par l’aviation alliée ont été obligés de décrocher.

L’assaut sur Boulogne-sur-Mer commence le 25 septembre 1944, mené par la 3ème Division canadienne après cinq jours de bombardement aérien et d’artillerie. La ville est libérée après sept jours de combat acharné. Comme au Havre, le port est temporairement inutilisable à cause des épaves et destructions engendrées par les bombardements. En plus, les eaux ont été soigneusement minées.

Le 21 octobre, un pipeline Pluto relie Boulogne-sur-Mer à Dungeness en Angleterre, le port lui-même ne sera ouvert au trafic maritime que le 27 octobre 1944.

Calais, Wissant et Cap-Griz-Nez, opération Undergo :

Calais est encerclé le 29 septembre 1944. Les Britanniques bombardent la ville pendant 4 jours pour « assouplir » les défenses allemandes. Le 3 octobre, devant le nombre de victimes civiles, Ludwig Schroeder demande une trêve pour permettre l’évacuation de la population. Les Alliés refusent.

Le 5 octobre 1944, Ludwig Schroeder annonce la reddition de ses troupes. La menace des batteries de 150 mm[4] qui pilonnaient Boulogne-sur-Mer est écartée.

Le siège de Dunkerque :

Les forces alliées atteignent Dunkerque le 21 septembre 1944, rapidement les Britanniques comprennent que la capture de la ville sera extrêmement coûteuse et les reconnaissances montrent que le port est largement détruit. Montgomery décide de foncer sur Anvers, laissant une brigade pour encercler Dunkerque. Tout au long du siège, les troupes alliées patrouillent agressivement et n’hésitent pas à attaquer les troupes allemandes. Ces dernières tenteront aussi quelques contre-attaques.

Le 1er octobre, à l’initiative de la Croix rouge française, une trêve sanitaire de 36 heures est signée pour évacuer 18 000 civiles ainsi que les blessés des deux camps.

Les forces tchécoslovaques, françaises et belges participeront aussi au siège.

Finalement, la « forteresse » de Dunkerque tiendra jusqu’à la capitulation sans conditions allemande.

L’annulation de l’opération Market-Garden :

L’opération Market-Garden est un plan du Maréchal Montgomery visant à lancer un assaut aéroporté pour capturer les ponts franchissant les principaux fleuves des Pays-Bas pendant que le 30ème Corps d’armée britannique du Général Horrocks lance une offensive terrestre jusqu’à Arnhem.

Malgré l’insistance de Montgomery, Dwight Eisenhower refuse de lancer cette opération. Le maréchal britannique assure que cette opération permettrait de contourner la ligne Siegfried et de terminer la guerre avant le printemps 1945. Eisenhower se rappelle que Montgomery avait annoncé que Caen tomberait le soir même du débarquement en Normandie et qu’il a fallu finalement attendre le 21 juillet pour que la ville soit libérée. Le commandant suprême des forces alliées en Europe préfère se concentrer sur la prise d’Anvers puis du nœud logistique de Bastogne.

La bataille de l’Escaut, la libération d’Anvers :

Alors que la 15ème Armée allemande se replie en désordre vers Anvers. Les Alliés commencent à avancer plus vite que prévu. La 1ère Division blindée polonaise entre en Belgique le 26 septembre 1944 et capture Ypres sans combats. Le 29 septembre, les Polonais atteignent le canal reliant Gand à Bruges.

La résistance belge a neutralisé les sabotages allemands des installations portuaires, ce qui permettra aux troupes canadiennes de sauver le port, le premier à tomber intact aux mains des alliés depuis le débarquement de Normandie. Mais les voies d’accès au port en aval du fleuve sont tenues par la Wehrmacht et solidement fortifiées, et il devient vite évident que ces voies seront défendues avec acharnement.

Le 17 octobre 1944, une série d’opérations alliées, essentiellement canadiennes, visant à libérer les rives de l’Escaut et le port d’Anvers commence. Mais les défenseurs allemands bien installés mettent en place d’efficaces actions de retardement. Compliquée par le terrain détrempé, la bataille de l’Escaut se révèle particulièrement pénible et coûteuse.

Après six semaines de combats difficiles, la 1ère Armée canadienne, renforcée par des troupes de plusieurs autres pays alliés, réussit à remporter la bataille et à libérer les voies d’accès de l’Escaut après de nombreux assauts amphibies, traversées de canaux et luttes en terrain découvert. Les terres et les eaux sont minées et les Allemands défendent leur ligne de retraite avec de l’artillerie et des tireurs d’élite.

Les Alliés achèvent de nettoyer les abords du port le 29 novembre 1944, mais au prix de plus de 13 000 victimes alliées (tués, blessés ou disparus), dont la moitié est canadienne. La 1ère Armée canadienne a fait plus de 40 000 prisonniers allemands. Il faudra encore trois semaines avant que le premier navire de ravitaillement allié puisse être déchargé à Anvers le 20 décembre 1944, soit le délai nécessaire pour déminer le port et ses accès. Les convois apportent un flux régulier d’approvisionnement sur le continent, ce qui permet de revitaliser les troupes alliées pendant l’hiver avant l’offensive de printemps.

Pour détruire ou du moins perturber le flux de l’approvisionnement des Alliés, les Allemands tirent sur Anvers plus de missiles V-1 que sur toute autre ville.

La 15ème Armée allemande se replie sur un arc La Haie-Ultrecht-Arnhem, permettant aux troupes du Commonwealth de prendre Rotterdam sans combat.

Opération Queen Gambit

Articles détaillés : Batailles d’Aix-la-Chapelle, Siège de Bastogne, Bataille de la forêt de Hürtgen, Bataille de Metz, Bataille de Belfort

L’opération Queen Gambit est divisée en deux sous opérations : l’opération Queen et l’opération Gambit. Il s’agit d’une référence directe au mouvement « Queen’s Gambit[5] », l’une des plus anciennes ouvertures au jeu d’échecs et aussi l’une des plus populaires.

Opération Queen, la percée vers Aix-la-Chapelle :

La 1ère Armée américaine lance son offensive en direction du nord de l’Allemagne le 25 septembre 1944. Le 27, les Américains engagent les combats contre 25ème Armeekorps à Soissons. Les Allemands sont écrasés en cinq jours, les survivants décrochent vers Reims pour rejoindre le 74ème Armeekorps. Arrivés à Reims, les Allemands reçoivent l’ordre de rejoindre la 7ème Armée à Charleville-Mézières. Rommel pense que les Américains vont traverser le massif forestier des Ardennes pour capturer Bastogne.

Alors que la 1ère Armée s’apprête à reprendre sa marche vers le nord de l’Allemagne, la 5ème Fallschirmjäger[6] Division lance une offensive nocturne depuis les massifs forestiers de Retz, Coucy-Bois et Saint Gobin. Coupés dans leur élan, les Américains se lancent dans une opération de nettoyage qui va durer douze jours.

Le 15 octobre 1944, la 1ère Armée reprend sa marche vers l’Allemagne, libérant successivement St-Quentin, Mons, Charleroi, Namur et Liège. Les troupes allemandes à Charleville-Mézières se replient à travers les Ardennes pour protéger Bastogne et la forêt de Hürtgen afin de couvrir le flanc sud d’Aix-la-Chapelle.

Le 31 octobre 1944, la 1ère Armée atteint Aix-la-Chapelle par un mouvement en pince depuis le Nord et le Sud. La ville subit un intense feu d’artillerie jusqu’au 2 novembre. Dans un premier temps, les Américains souhaitent fermer la poche et assiéger les Allemands jusqu’à ce qu’ils se rendent, mais plusieurs tentatives de briser l’encerclement finissent par convaincre les Américains de prendre la ville.

Quelques éléments de la 9ème Armée[7] viennent renforcer les positions américaines. Les forces allemandes comptent le 101ème Bataillon de Panzer, la 716ème Division d’Infanterie, la 21ème Panzerdivision et la 116ème Panzerdivision. Ces unités ont comblé une partie de leurs pertes avec les troupes et le matériel de la 130ème Panzer-Lehr et de la Panzerdivision « Das Reich » qui ont été dissoutes. Ils recevront plus tard le renfort de 5 000 volontaires des Volkssturms[8].

Au moins 30 000 Allemands défendent la ville. En effet, Aix-la-Chapelle est une ville symbolique de l’histoire d’Allemagne (ville de Charlemagne, les Empereurs germaniques s’y sont fait couronner pendant 600 ans) et elle était aussi la première grande ville atteinte sur le sol allemand par les Alliés. Le Maréchal Rommel confie la défense de la ville au Général Hermann Hoth.

Il faudra combattre jusqu’au 30 mars 1945 pour refermer définitivement la poche. Entre temps, les Américains ont considérablement renforcé leurs troupes. La bataille d’Aix-la-Chapelle se termine le 14 avril 1945 avec des pertes terribles.

Pertes estimées de la bataille d’Aix-la-Chapelle
Morts et blessés11 35926 758
Chars89211
Canons divers109201
Véhicules4371818
Prisonniers 6500
 AlliésAllemands

Dans les deux camps, la seule raison poussant à poursuivre la bataille aussi longtemps fut l’opportunité de forcer l’adversaire à mobiliser énormément de ressources sur place.

Soldats américains dans les ruines d’Aix-la-Chapelle le 15 avril.

Opération Queen, le siège de Bastogne :

Comprenant que la 1ère Armée et la 9ème Armée américaine faisaient route vers le nord de l’Allemagne en contournant le massif des Ardennes par le Nord, Rommel ordonne au 84ème Panzerkorps et la 5ème Panzerarmee de protégé Bastogne. Lorsque la 1ère Armée américaine atteint Aix-la-Chapelle, les Allemands envoient la 7ème Armée dans la forêt de Hürtgen pour couvrir le sud d’Aix-la-Chapelle.

Les 18 et 20 novembre 1944, la 9ème Armée prend Noville (à 8 km de Bastogne) et coupe la jonction entre les défenseurs de Bastogne et la 7ème Armée allemande. Ces derniers contre-attaquent à plusieurs reprises jusqu’au 25 novembre pour rétablir le front, sans succès. Pendant ce temps, la 101ème Division aéroportée ainsi que les 4ème et 10ème Divisions blindées arrivent en renfort. Progressivement et méthodiquement, les Américains encerclent Bastogne. Le 20 décembre — un mois après la chute de Noville —, la poche de Bastogne est hermétiquement fermée. Pendant ce temps, l’essentielle de la 9ème Armée américaine s’est détournée vers la forêt de Hürtgen.

L’hiver et le mauvais temps s’installent, l’intervention de l’aviation est limitée et les troupes américaines ne sont pas assez bien équipées pour l’hiver. Aucun assaut n’est tenté et les rares tentatives de sorties allemandes sont contenues. Les Allemands manquent d’eau, de nourriture et de médicament. La Luftwaffe tente des parachutages avec des Junkers Ju 52, mais plus d’une fois sur deux les largages tombent dans les lignes ennemies.

Le 7 janvier 1945, les Américains sont pris par surprise par la 5ème Fallschirmjäger Division qui surgit au Sud-est de Bastogne, appuyée par la 2ème Panzerdivision. La 84ème Panzerkorps et la 5ème Panzerarmee appuient dans cette direction et l’encerclement est brisé le 10 janvier. Les deux tiers des assiégés parviennent à quitter la poche pour filer vers la Rhénanie. Les derniers Allemands tiennent encore jusqu’au 25 janvier 1945, puis rendent les armes.

Opération Queen, la bataille de la forêt de Hürtgen :

La 7ème Armée allemande commandée par Erich Brandenberger s’installe dans la forêt d’Hürtgen, située à la frontière de l’Allemagne et de la Belgique. Le terrain est caractérisé par des vallées plongeantes qui découpent de larges plateaux. Les vallées profondes de la forêt de Hürtgen sont densément boisées et les plateaux sont cultivés. Les routes traversant la forêt sont rares, ventées et étroites. La rivière Roer marque sa limite orientale.

L’objectif initial des Américains est de prendre Schmidt, de nettoyer Monschau et d’avancer sur la Roer. Avec la bataille qui s’engage à Aix-la-Chapelle, l’objectif devient l’encerclement de la ville. Les Allemands l’ont bien compris et se retranchent dans la forêt.

Le 19 novembre 1944, les hommes de la 9ème Armée américaine pénètrent en force dans la forêt par l’ouest et le Sud. Le 19ème Corps (3ème et 8ème Divisions blindées) du Major-Général Raymond S. McLain contourne le massif par le Sud et capture Schmidt, Heimbach et Simmerath quasiment sans combat. Avant que les Américains ne puissent le capturer, les Allemands font sauter le barrage sur la Roer situé près de Schmidt, inondant partiellement la région. Le 19ème Corps américain s’installe pour empêcher des renforts allemands de rejoindre la forêt et éviter que la 7ème Armée ne s’enfuie de ce côté.

Pendant ce temps, un combat long et sanglant s’engage dans la forêt. Les Allemands disposent d’une position clé : la Colline 400 (actuelle Burgberg) située à 5 km à l’est de Hürtgen et 5 km au nord de Schmidt. La colline fait 400 mètres de haut fournissant une vue entière sur la forêt de Hürtgen et les positions américaines. Bien que l’artillerie américaine réplique, elle ne parvient pas à museler les canons allemands et la météo gêne les avions d’appui au sol de faire leur travail.

Le 11 janvier 1945, le 2ème Bataillon de Rangers mène l’assaut de la Colline 400 appuyé par l’artillerie et l’aviation. Les combats durent cinq jours, avec plusieurs contre-attaques allemandes avant que les Rangers s’emparent de la colline.

Bombardement de la colline 400 par l’aviation américaine.

Pendant ce temps la confusion règne dans la forêt, dans plusieurs zones les dispositifs des deux camps sont mélangés et dispersés. Le 17 janvier 1945, les Allemands lancent une contre-attaque avec leur maigre réserve pour rétablir leur ligne de front. L’opération est un succès, après deux jours de combat les allemands rétablissent leurs lignes.

Le 15 février, les Américains lancent une offensive massive à travers toute la forêt d’Hürtgen. La 7ème Armée commence à manquer de tout et n’a toujours pas vu l’ombre d’un renfort. Brandenberger ordonne à ses hommes de reculer en combattant. Le général allemand préfère sauver ses unités pour les reconstituer en vue d’une prochaine bataille.

Le 19 mars 1945, la forêt de Hürtgen est nettoyée de toute présence allemande. Cela permet à la 9ème Armée américaine de fermer la poche d’Aix-la-Chapelle. La voie s’ouvre lentement, mais sûrement vers la Roer.

Opération Gambit, la Bataille de Metz :

La 3ème Armée du Général Patton démarre son offensive le 25 septembre 1944 avec des stocks de carburant incomplet alors qu’Eisenhower lui avait demandé d’attendre cinq jours supplémentaires.

Le 28 septembre, Patton atteint la ligne allemande courant de St Dizier à Bar-le-Duc. Le 80ème Armeekorps est balayé en deux jours par le rouleau compresseur américain. Les unités de pointe de Patton ne s’arrêtent pas et abandonnent le nettoyage des poches aux unités qui le suivent. Les soldats américains combattent 48 heures d’affilée sans dormir, ne laissant aucune chance aux Allemands.

Après la bataille de St Dizier et Bar-le-Duc, les chars de la 3ème Armée sont à court de carburant et marquent une pause à la merci d’une contre-attaque qui ne viendra jamais.

Le 3 octobre, Patton relance son offensive en direction de Verdun et Commercy ou des ponts sont capturés intacte.

Les fortifications et la ville de Metz sont tenues par le 86ème Armeekorps composé de la 159ème Division de Réserve, la 76ème Division d’Infanterie et la 9ème Panzerdivision (renforcer par les éléments la Panzerdivision « Hohenstaufen » dissoute). Espérant gagner du temps pour renforcer la ligne Siegfried, l’OKW décide de freiner la progression de Patton en renforçant les défenses de Metz, notamment la première ligne de fortifications appelée la Moselstellung[9]. Le Général Hans von Obstfelder reçoit alors les divisions de réserve du Heeresgruppe G : la 11ème Panzerdivision, la 157ème Division de Réserve et la 189ème Division d’Infanterie.

Alors que Nancy est libérée le 6 octobre 1944 et Arracourt le 19 octobre 1944, Patton reconstitue ses réserves, bien trop lentement à son goût. La 3ème Armée américaine est stoppée à 25 kilomètres de Metz. Bien sûr, les Américains ne restent pas inactifs, les fortifications sont bombardées par l’aviation et l’artillerie, jour et nuit.

Le 15 octobre 1944, la 3ème Armée attaque sur axes, au Nord et au sud de Metz. Gênés par la pluie les Américains ont besoin de quinze jours pour neutraliser la première ceinture fortifiée de la ville. Le 20 octobre, les tirs de contre-batterie permettent de détruire plusieurs positions d’artillerie allemandes. Le 27 octobre, la 90ème Division d’Infanterie américaine entre dans Maizières-lès-Metz à 10 km du centre-ville de Metz. Le 31 octobre, son artillerie déclenche un barrage roulant qui pulvérise les dernières positions allemandes.

Le 11 novembre 1944, l’étau autour de Metz se resserre, avec les 95ème et 90ème Divisions d’Infanterie au Nord et la 5ème Division d’Infanterie au Sud. Le 12 novembre, en guise de prélude à l’offensive sur Metz, pas moins de 1 300 bombardiers B-17 et B-24 déversent 3 753 tonnes de bombes sur les ouvrages fortifiés et les points stratégiques situés dans la zone de combat de la 3ème Armée. La plupart des bombardiers ayant largué leurs bombes avec une visibilité moyenne, à plus de 20 000 pieds, les objectifs ont souvent été manqués.

Fortifications allemandes de Metz.[10]

Le 14 novembre 1944, les Allemands évacuent les restes des 9ème et 11ème Panzerdivisions. Le lendemain est le début de dix jours d’horreur pour la population messine qui se terre dans les caves. La 3ème Armée sonne l’Hallali, les obusiers de 105 mm et les avions d’appui au sol matraquent les positions fortifiées pour couvrir la progression des troupes. Les unités américaines de pointes se lancent alors dans un combat rue par rue dans la ville pendant que les unités d’arrière-garde assiègent les forts.

Le 24 novembre 1944, les divisions allemandes évacuent leurs dernières positions dans la ville. Il faudra attendre le 24 décembre pour que les derniers forts allemands capitulent.

La résistance allemande déterminée, les intempéries et les inondations (accidentelles ou volontaires), ainsi qu’une tendance générale à mésestimer la puissance de feu des fortifications de Metz, ont contribué à ralentir l’offensive américaine, donnant l’occasion à l’armée allemande de se retirer en bon ordre vers la Sarre, pour y renforcer la défense sur la ligne Siegfried.

Après la chute de Metz, la 3ème Armée prépare une offensive pour atteindre la ligne Siegfried.

Opération Gambit, la bataille de Belfort :

Le 17 novembre 1944, la 1ère Armée française du Général Jean de Lattre de Tassigny arrive en vue de Belfort après avoir libéré Montbéliard. Les troupes alliées ont été obligées d’avancer lentement, le ravitaillement ayant du mal à suivre à cause des voies des communications endommagées. Pendant ce temps les forces allemandes du 82ème Armeekorps, se sont repliées sur Belfort. La ville et les fortifications sont tenues par les 148ème et 242ème Divisions d’infanterie ainsi que la 10ème Panzerdivision « Charlemagne »[11]. Le parcours à travers les Vosges n’a pas été de tout repos pour les Allemands qui ont été harcelés par les FFI. Le 19 novembre 1944, en pleine nuit, 1 500 Commandos d’Afrique[12] infiltrent la forêt du Salbert qui mène au Fort du même nom qui bloque l’accès à la ville de Belfort. Les commandos suppriment un à un les postes de garde allemands. Après cinq heures de marches, d’escalades et autres acrobaties ; les commandos prennent le fort par surprise. Le 20 novembre, les Commandos d’Afrique dévalent les pentes du fort et entrent dans la ville suivie par le reste de la 1ère Armée. Après douze jours de combat de rue, Belfort est libéré le 2 décembre. Le reste du Territoire de Belfort est libéré le 7 décembre 1944. Les Allemands ont préféré reculer plutôt que de sacrifier leurs unités.

Conséquences

Les opérations des 21ème Groupe d’armées, 12ème Groupe d’armées et 6ème Groupe d’armées permettent la libération de la France et de la Belgique avant la fin de l’hiver 1944-1945. Le 8 décembre 1944, les Allemands évacuent Strasbourg qui est livré sans combat au Général Leclerc.

Malgré des pertes terribles dans les deux camps, les Allemands ont réussi à gagner du temps et sauver de nombreuses unités pour se retrancher sur la ligne Siegfried. Alliés et Allemands consacrent l’essentielle de l’hiver à se préparer pour l’offensive de printemps que les deux camps imaginent décisive.


[1] Triton.

[2] Corps d’armée.

[3] Brouillard d’automne en Français, Autumn Mist en Anglais.

[4] Les canons transmanche servaient à bombarder Dover avant l’opération Walkyrie.

[5] Gambit-dame en français.

[6] Les Fallschirmjäger — de l’allemand Fallschirm (parachute) et Jäger (chasseur ; faisant référence à l’infanterie légère de l’armée prussienne) — sont des parachutistes allemands.

[7] La 9ème Armée est essentiellement engagée dans la forêt de Hürtgen.

[8] Que l’on pourrait traduire par Tempête du Peuple.

[9] La Moselstellung (en français « Position de la Moselle ») est une ligne fortifiée construite autour de Metz par l’Allemagne, entre 1871 et 1918, pendant la première annexion.

[10] Source : Thanks Gi’s.

[11] Ex 10ème division SS « Frundsberg ».

[12] Le Groupe des Commandos d’Afrique (GCA), qui deviendra le 5ème bataillon de choc, est issu des Corps francs d’Afrique.

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