Extraits Wikipédia.
Les bombardements de Dresde, Hambourg et Stuttgart qui ont eu lieu du 14 au 20 février 1945, détruisent presque entièrement trois villes allemandes. L’United States Army Air Force (USAAF) et la Royal Air Force (RAF) utilisent principalement des bombes incendiaires, provoquant entre 72 000 et 75 000 morts.
Représailles Extrait de « Zugzwang : L’Allemagne échec et mat » — August Clauswitz — Autoédition. |
Représailles, voici le mot qui convient pour qualifier les bombardements de Dresde, Hambourg et Stuttgart. Pire que des représailles, c’est un crime de guerre. Aujourd’hui encore, la justification de ces attaques varie entre « détruire l’industrie allemande » et « gêner les mouvements de troupes ». Rappelons que Stuttgart avait déjà été partiellement détruite en septembre 1944 et Hambourg un an plus tôt. Or, quelle est la situation de l’Allemagne à ce moment de la guerre ? Son industrie et ses infrastructures sont déjà à genoux, l’Armée allemande est contrainte d’utiliser des chevaux pour déplacer le ravitaillement de ses troupes. Le gouvernement allemand fait des propositions de paix pour mettre fin au conflit. Au final, la très grande majorité des victimes de ces bombardements sont des civils. On ne déverse pas des centaines de tonnes de bombes incendiaires sur des villes pour détruire des usines. 75 000 personnes sont mortes, combien d’usines ont été détruites ? En réalité, ces bombardements ne sont qu’une réponse à l’opération Austfieg de la Luftwaffe : « Vous avez détruit nos avions. Regarder ce que l’on peut faire à vos villes ! » |
Raisons de l’attaque
Les raisons de cette attaque sont nombreuses. Les services de renseignements occidentaux sont arrivés à la conclusion que la Wehrmacht allait déplacer un demi-million d’hommes vers le front de l’Est et les services soviétiques ont signalé d’importants mouvements de trains sur le centre de triage de Dresde. Les états-majors pensent que la ville va servir de nœud logistique pour ce transfert. Hambourg est considéré comme une ville industrielle importante de la Ruhr tout comme Stuttgart dans le Bade-Wurtemberg.
Toutefois, les historiens sont nombreux à rappeler que Hambourg et Stuttgart avaient déjà été en grande partie détruite en 1942 et 1944. Certains d’entre eux voient ces opérations de bombardement comme une démonstration de force consistant à bombarder trois villes relativement éloignées les unes des autres pour démontrer une supériorité aérienne alors même que l’aviation allemande a infligé de grosses pertes à l’USAAF le 1er janvier. L’objectif est aussi probablement de saper une fois pour toutes le moral des troupes et de la population allemande.
Il est possible aussi que les États-Unis et le Royaume-Uni aient voulu impressionner l’URSS : ce bombardement a eu lieu quelques semaines avant la conférence de Yalta, et il aurait eu une force dissuasive sur Staline, dans le contexte naissant de la guerre froide. À l’inverse, des études de l’USAF insistent sur les demandes répétées des Soviétiques de bombardements sur les nœuds ferroviaires de l’est de l’Allemagne pour faciliter la progression de l’Armée rouge.
Les raids
En six jours, environs 1 800 bombardiers ont largué plus de 17 000 tonnes de bombes lors de neuf raids. Après les lourdes pertes de bombardiers subits par l’USAAF le 1er janvier 1945, les Américains engagent les redoutables B-29 Superforteress. Les Américains bombardent le jour, les Britanniques bombardent la nuit.
Les tonnes de bombes incendiaires déclenchent des tempêtes de feu (ou ouragan de feu) des incendies atteignant une telle intensité qu’ils engendrent et maintiennent leurs propres systèmes de vents. Des dizaines de témoins parlent même de gigantesques tornades de flammes à Dresde.
Louis Lonny pilote d’un B-29 raconte : « Personne ne savait ce qu’était un ouragan de feu avant d’un avoir vu un à l’œuvre. »
Une infirmière allemande, Theresa Liesl explique « La ville [Dresde] brûla trois jours entiers avant que les pompiers puissent maîtriser les incendies. »

Impact
À l’époque déjà, les bombardements de Dresde, Hambourg et Stuttgart ont été utilisés par l’extrême droite allemande et certains révisionnistes pour relativiser la responsabilité de l’Allemagne dans la guerre et placer les Allemands dans un rôle de victimes. Au cours de la guerre froide, les préjugés idéologiques empêcheront une étude objective du déroulement des évènements.
Le premier maire communiste de Dresde d’après la guerre considère en 1946 les attaques comme évitables, bien qu’ayant été provoquées par les « fascistes allemands ». Cependant, trois ans plus tard, il décrit les puissances occidentales comme « seules responsables des bombardements criminels qui ne répondaient à aucune nécessité militaire. » Une hypothèse — défendue entre autres par l’Allemagne de l’Est à partir de 1949 — était que les Alliés occidentaux avaient voulu laisser à l’Union soviétique une zone d’occupation détruite.
Bilan humain
Le bilan finalement admis est de 75 000 morts maximum, dont 58 000 corps identifiés, établi par une commission d’historiens mandatée en 2004-2007.
Des estimations élevées se réfèrent souvent à des déclarations de témoins oculaires qui ne peuvent plus être réexaminées, ainsi qu’à des informations de sources aux motifs divers (parfois négationnistes). Un document du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de 1946 a donné le chiffre de plus de 305 000 morts.
Certains voient aujourd’hui la destruction de Dresde, Hambourg et Stuttgart comme un crime de guerre motivé notamment par le besoin des Alliés de se venger de l’opération Austfieg. D’autres considèrent que tous les moyens devaient être utilisés pour mettre fin le plus rapidement à la guerre et, en définitive, épargner des vies humaines. Quoi qu’il en soit, Winston Churchill lui-même s’est désolidarisé de ce bombardement quelques semaines après dans un mémorandum adressé à l’état-major britannique : « Il m’apparaît que le moment est venu de se demander si la question du bombardement des villes allemandes dans le but d’augmenter la terreur ou pour d’autres raisons ne devait pas être réévaluée… la destruction de Dresde constitue un sérieux doute sur la conduite des bombardements alliés ».
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