Extraits Wikipédia.

Kanji Ishiwara, né en 1889 à Shōnai[1], est un officier de l’Armée impériale japonaise pendant l’ère Shōwa et un idéologue nationaliste connu pour sa théorie de « La guerre finale » opposant le Japon aux États-Unis pour la domination du monde.
Enfance
Ishiwara descend d’une famille de samouraïs. Son grand-père Shigemichi occupait un rang relativement élevé dans le clan de Shōnai dont il fut collecteur d’impôt, maitre d’armes et maitre en études confucéennes. L’état civil d’Ishiwara Kanji mentionne le 18 janvier 1889 comme date de naissance. Ses parents, Keisuke et Kanei, ont donné naissance à six garçons et quatre filles, mais le premier des fils, Izumi, meurt à l’âge de deux mois et le second, Keiji, meurt à l’âge de deux semaines. Cela fait donc de Kanji l’aîné de la fratrie.
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Formation militaire
En 1902, il est reçu à l’examen d’entrée de l’école préparatoire militaire de Sendai ou il termine premier de sa promotion. En 1905, Ishiwara Kanji entre au collège militaire central de Tōkyō. En 1907, il devient cadet à l’Académie de l’armée impériale japonaise de Kyōtō. Deux ans plus tard, en 1909, sur les 350 élèves de sa section, il obtient le troisième résultat, mais est rétrogradé au sixième rang pour moqueries et insubordination envers son supérieur.
Diplômé de l’Académie militaire, il intègre l’Armée impériale en tant qu’instructeur. Il étudie et écrit des articles pour des revues militaires en réponse à des problèmes tactiques qui y sont posés. Il s’intéresse aussi à la philosophie et à l’Histoire. Il est affecté au 65ème régiment d’infanterie de Wakamatsu et part en Corée, annexée en 1910 par le Japon. Initié à l’idéologie du panasiatisme par Minami Shirō, il se réjouit de la victoire de Sun-Yat-Sen en 1911 et s’écrie devant ses subordonnés « Vive la Révolution chinoise ! »
Sur ordre de son chef de régiment, Ishiwara se voit contraint de passer les examens d’entrée à la Haute École de l’Armée impériale à Akasaka[2]. Désireux d’accéder à un poste de commandement, mais peu enclin à passer les examens d’entrée, il met peu d’ardeur dans la préparation de ceux-ci, mais réussit malgré tout. Ses aptitudes en tactique sont élevées et il lui arrive même d’avoir le dernier mot sur ses instructeurs. En 1918, Ishiwara Kanji termine deuxième de sa promotion derrière le futur général Suzuki Yorimichi.
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Attaché militaire à l’étranger
Kanji Ishiwara part faire des études en Allemagne de 1922 à 1925, où il étudie les sciences militaires auprès d’anciens officiers allemands. C’est durant cette période qu’Ishiwara se convertit au nichirénisme[3], organisé sous la houlette de l’érudit bouddhiste Tanaka Chigaku et de sa « Société du Pilier national ». Le nichirenisme de Tanaka Chigaku est alors empreint de nationalisme annonçant un ultime conflit précédant un âge d’or dans lequel le bouddhisme illuminerait un monde dont le Japon serait le centre. Ishiwara pense alors que le conflit à venir contre la Chine correspond à cette ultime bataille avant l’avènement du nichirénisme.
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Invasion de la Mandchourie
En 1928, Ishiwara rejoint l’armée du Kwantung en Mandchourie comme officier d’état-major. Dans le cadre de sa « doctrine de la guerre ultime », il prépare l’invasion de la Mandchourie. Dès le mois de juin, avec le colonel Seishirō Itagaki, il prépare l’incident de Mukden, attaque sous fausse bannière qui le 18 septembre 193,1 ouvre la voie à l’invasion de la Mandchourie, territoire trois fois plus grand que le Japon. L’armée du Kwantung dispose alors de seulement 11 000 hommes face aux 230 000 hommes de Zhang Zueliang dont l’armée est trop faible pour rivaliser avec les Japonais. Après l’invasion, la politique japonaise vis-à-vis de la Mandchourie passe rapidement d’une politique d’occupation à une politique encourageant l’indépendance de façade de la région mise en valeur par les slogans « Roi vertueux pays heureux » et « coopération des cinq peuples[4] ». Dans la pratique, Mandchoukouo reste un état fantoche. Selon l’idéal d’Ishiwara, adepte du panasiatisme, l’État du Mandchoukouo devait devenir une sorte d’États-Unis de l’Orient, enfanté par la Chine et le Japon dont les Japonais eux-mêmes devraient acquérir la nationalité, constituant ainsi la première étape dans la préparation d’un conflit final décisif entre le Japon et les États-Unis.
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Incident du 26 février
En 1936, lors de l’incident du 26 février[5], Ishiwara ne rejoint pas le coup d’État et appelle à l’instauration d’une cour martiale pour juger les rebelles. Il se retrouve à la tête de celle-ci.
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Disgrâce
En 1937, au moment où éclate la guerre sino-japonaise, Ishiwara est promu chef d’opérations aux quartiers généraux de l’Armée impériale. À ce moment, l’état-major de l’Armée impériale est hostile à un élargissement des fronts, et Ishiwara, qui souhaite un renforcement des troupes au Mandchoukouo en vue d’une guerre contre l’Union soviétique tolère difficilement de voir hommes et matériel absorbés dans la guerre contre la Chine. En tant que responsable des opérations du front en Mongolie, Ishiwara tente de convaincre sa hiérarchie, mais reste coi devant les moqueries du général Mutō Akira, chef des opérations en Chine. Prévoyant, à juste titre, l’enlisement du conflit, il réclame l’arrêt de l’expansion du front, mais, étant en désaccord avec les chefs d’état-major de l’armée du Kwantung comme Hideki Tōjō, Ishiwara est rétrogradé de son poste de chef d’opérations dans l’état-major de l’armée à vice-chef d’état-major de l’armée du Kwantung au mois de septembre 1937.
Le mois suivant, il prend ses fonctions à Changchun, capitale du Mandchoukouo. Au printemps 1938, ses désaccords avec Tōjō se font plus profonds et l’inimitié entre Ishiwara et Tōjō devient de plus plus flagrante. En effet, Ishiwara réalise que ses collègues de l’armée du Guandong n’ont pas l’intention de faire du Mandchoukouo un État indépendant administré par les Mandchous eux-mêmes et qui serait le centre du panasiatisme dont il rêve, mais de l’administrer comme une simple colonie. Devenu gênant pour sa hiérarchie, Ishiwara est révoqué de l’état-major de l’armée du Kwantung. En 1939, il promut général de division. On lui alors confie le commandement de la 16ème division d’infanterie à Kyōtō. Il est mis en réserve en mars 1941.
En avril 1941, Ishiwara reçoit une proposition de poste à l’université de Ritsumeikan à Kyōtō sur l’invitation du président Nakagawa Kojûrō qui vient alors d’introduire une chaire sur la défense nationale. Ishiwara, estimant que les connaissances militaires du Japon sont faibles comparées à celles de l’Occident, pense que des cours de sciences militaires sont nécessaires à l’université. Il accepte la chaire. Il est cependant sous la surveillance de la Kempeitai à la demande du général Tōjō. Il arrive même que des membres de la Kempeitai assistent à ses cours afin d’en contrôler le contenu. La pression devenant trop forte, il abandonne son poste. Il quitte Kyōtō en 1942 pour revenir dans son village natal, où il reste jusqu’à la fin de la guerre. Il y écrit un ouvrage, La Défense et la politique, et y étudie l’agriculture. C’est là-bas qui les conspirateurs de la faction Heiwa viendront le trouver en 1943…
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Après la guerre
Il a développé une vision du monde et une pensée qui dépasse le simple cadre du domaine militaire. À partir des théories sur les changements de forme de la guerre due à l’évolution des armes, il avait prédit que « l’apparition de l’atome » apporterait l’équilibre militaire au monde.
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Après la guerre, il comparait dans le procès de Changchun pour son rôle dans l’incident de Mukden. De son propre chef, il renonce à toute activité politique. Converti au pacifisme intégral, il s’installe en Mandchourie où il fonde une communauté agricole et s’éteint le 18 août 1949 à l’âge de 60 ans des suites d’une pneumonie. Il a développé une vision du monde et une pensée qui dépasse le simple cadre du domaine militaire. À partir des théories sur les changements de forme de la guerre due à l’évolution des armes, il avait prédit que « l’apparition de l’atome » apporterait l’équilibre militaire au monde.
[1] Actuel Tsuruoka.
[2] Équivalent japonais de l’académie militaire américaine de West Point.
[3] Le bouddhisme de Nichiren est une branche du bouddhisme au Japon. Il est fondé sur les recherches et l’enseignement de Nichiren, moine bouddhiste et érudit du XIIIème siècle.
[4] Japonais, chinois, coréens, mandchous et mongols.
[5] « Incident 2-2-6 », une tentative de coup d’État qui eut lieu du 26 au 29 février 1936. Organisée par la faction ultranationaliste de l’Armée impériale japonaise, les partisans de la voie impériale inspirée par l’idée de restauration de Shōwa. Plusieurs hommes politiques furent assassinés et le centre de Tōkyō fut pendant une courte période aux mains des insurgés avant que le putsch ne soit réprimé.
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