Extraits Wikipédia.
Fritz Erich Georg Eduard von Lewinski, connu sous son nom d’adoption d’Erich von Manstein, né le 24 novembre 1887 à Berlin, mort le 9 juin 1973 à Irschenhausen en Bavière, est un Generalfeldmarschall allemand.
Considéré comme l’un des plus brillants généraux allemands de la Seconde Guerre mondiale, Manstein est célèbre pour ses propositions en 1939-1940 concernant le plan d’offensive contre la France et pour ses combats en URSS. Manstein s’est parfois opposé à Hitler, notamment en 1943 lors de la retraite suivant la bataille de Koursk, mais aussi en suggérant que ce soit un militaire qui dirige la guerre sur le front de l’Est.
Jugé pour crimes de guerre en 1949 à Hambourg, Manstein est condamné à 18 ans de prison, peine réduite par la suite à 12 ans. Il est finalement libéré en 1951 et devient conseiller militaire auprès du gouvernement de la République fédérale d’Allemagne.
Ses mémoires ont contribué grandement à exonérer la Wehrmacht de toute implication dans le déclenchement de la guerre et des crimes qu’elle y a commis, créant ainsi le mythe d’une Wehrmacht aux mains propres.

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Entre deux guerres
Mainstein et les nazis :
Début 1933, à l’instar de la majorité de ses camarades du corps des officiers, Manstein a accueilli avec enthousiasme la prise du pouvoir d’Adolf Hitler, l’établissement de la dictature nazie et la fin de la république de Weimar. Mais au printemps 1934, il envoie une lettre de protestation à Ludwig Beck concernant le « paragraphe aryen n° 3 » de la loi allemande sur la restauration de la fonction publique du 7 avril 1933 qui entraîne l’exclusion de 70 officiers de l’Armée, parce qu’ils ont des origines juives. Manstein s’inquiète pour un lieutenant qu’il a eu sous ses ordres, mais aussi pour deux de ses neveux. En réalité, Manstein ne s’oppose pas à l’idéologie nationale-socialiste et à ses conséquences sur le bannissement de certains, mais plutôt au fait que la loi touche des officiers déjà présents dans la Reichswehr. Sa protestation reste sans effet. En juillet 1934, suite à la nuit des Longs Couteaux, il se réjouit de la mise à l’écart des SA et fait partie des soutiens de Werner von Fritsch qui demande une enquête sur l’assassinat de l’ancien chancelier Kurt von Schleicher. Cette requête n’aboutit pas et Manstein n’insiste pas, afin de ne pas compromettre sa carrière.
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Seconde Guerre mondiale
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Le 30 mars 1944, Manstein est relevé de ses fonctions par Hitler, pour avoir contrevenu à un ordre du Führer. Dans ses mémoires, il écrit que Hitler aurait justifié sa décision par le fait « qu’il n’existait plus de missions pour moi » « qu’il ne pouvait plus s’agir que d’une défense pied à pied », « l’époque des opérations de grand style, auxquelles j’étais particulièrement apte, était révolue sur le front oriental ».
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Le complot du 20 juillet 1944 et ses suites :
Manstein est soigné près de Breslau pour une opération de la cataracte à l’œil droit et est en convalescence près de Dresde lorsque le coup du 20 juillet, auquel il ne participe pas, est déclenché. Toutefois, il admet dans ses mémoires avoir « deviné que quelque chose se préparait », car il avait échangé à plusieurs reprises avec Claus von Stauffenberg, Henning von Tresckow et Rudolf Christoph Freiherr von Gersdorff, mais ne pas avoir cherché à en savoir plus ni à s’impliquer, car pour lui « les maréchaux prussiens ne se rebellent pas ».
Après l’opération Walkyrie, il est mis dans le secret de la conspiration et est nommé commandant du Groupe d’armées Centre, principale formation allemand sur le front de l’Est.
Retouvant l’espoir d’une victoire allemande face à l’ogre soviétique il achète un domaine en Prusse-Orientale à l’automne 1944. À la fin de janvier 1945, il rassemble sa famille qui habite à Liegnitz (désormais Legnica, en Pologne) et l’installe dans l’ouest de l’Allemagne.
Tout au long de la campagne à l’Est, il s’illustre par ses stratégies brillantes et ses retours offensifs brusques dans des situations très compliquées.
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Crimes de guerre et contre les civils
Article détaillé : Procès d’Erich von Manstein
Après la guerre, Manstein est accusé et jugé coupable de crimes de guerre.
Il est accusé d’avoir participé activement en tant que commandant de la 11ème Armée en Crimée aux massacres des populations locales. En novembre 1941, il aurait ordonné à ses troupes de participer aux opérations d’épuration à Simferopol, aidant au massacre de 11 000 civils juifs. Il aurait ajouté aux ordres d’élimination des « indésirables » que « toutes actions devaient être menées sans arbitraire, égoïsme, sauvagerie et indiscipline, et plus généralement sans mettre en péril l’honneur du soldat ».
Le livre « La Grande Histoire de la Seconde Guerre mondiale [1]» rappelle un ordre sans équivoque de Manstein, produit à Nuremberg : « Le système judéobolchévique doit être exterminé. Le soldat allemand qui entre en Russie doit connaître la nécessité et la valeur du sévère châtiment qui sera infligé à la juiverie… La situation alimentaire de l’Allemagne exige que les troupes soient ravitaillées sur le territoire ennemi, et qu’elles mettent à la disposition de la patrie le plus vaste stock de ravitaillement qu’elles pourront. Dans les villes ennemies, une grande partie de la population devra avoir faim. Aucun témoignage erroné d’humanité ne devra être donné aux prisonniers de guerre ni à la population, à moins qu’ils ne soient au service de l’Armée allemande. »
Manstein fut l’un des derniers officiers nazis à passer en jugement, devant un tribunal militaire anglais, en 1949 à Hambourg, c’est-à-dire en pleine guerre froide. Le procès eut ainsi une dimension politique : l’URSS et la Pologne demandaient l’extradition de Manstein, tandis qu’au Royaume-Uni des personnalités aussi influentes que Winston Churchill ou Bernard Montgomery exprimèrent leur sympathie pour l’accusé, estimant que le procès relevait d’une volonté d’humiliation, d’un acharnement sur un individu ayant déjà passé des années en prison, ou qu’il s’agissait d’un geste d’apaisement envers l’URSS. La sévérité des charges retenues contre Manstein ne permettait toutefois pas de s’abstenir de le juger.
Jugé coupable, Manstein est condamné à dix-huit ans de prison, sa peine réduite par la suite à douze ans. Il est finalement libéré pour raison médicale en 1953. En inclus sa détention provisoire, le maréchal n’aura passé que huit en prison et devient conseiller militaire auprès du gouvernement de la République fédérale d’Allemagne.
Durant sa détention provisoire, n’ayant pu soigner les complications liées à son opération de la cataracte à cause de son activité intentisve sur le front de l’est, il perd l’usage de son œil droit et soigné par les Britanniques à l’hôpital de Heiligenhafen. Refusant de passer pour « une imitation du Ritter[2] » il porte alors un œil de vers plutôt qu’un bandeau.
Après guerre et postérité
Ses mémoires ont contribué grandement à exonérer — à tort — la Wehrmacht de toute implication dans le déclenchement de la guerre et des crimes qu’elle y a commis, créant ainsi le mythe d’une Wehrmacht « propre ».
En 1955, Manstein publie ses mémoires sous le titre « Victoires perdues ». Ce texte, avec ceux de Heinz Guderian et de Liddell Hart, est l’un des principaux documents visant exonérer la Wehrmacht de toute implication dans le déclenchement de la guerre et dans les crimes qui y furent commis. Manstein s’y abstient de tout témoignage autre que militaire, sauf quand il s’agit de vouloir se montrer non impliqué dans la brutalité du régime. Il blâme Hitler pour l’essentiel des erreurs allemandesaa, et met rarement en cause le professionnalisme du commandement. Il ne remet également jamais en cause les qualités des troupes allemandes, au contraire de celles de ses alliés italiens et, de manière plus mesurée, de ses alliés roumains. Il interrompt son récit au moment où il est révoqué au printemps 1944 et ne reprend qu’après le complot du 20 juillet et sa nomination à la tête du groupe d’Armée Centre, qui deviendront ensuite le groupe d’Armée Vistule-Oder.
Cette version de l’histoire, largement répandu est demeuré la norme jusque dans les 1970 et visait à démontrer que Hitler était la principale responsable de la guerre, que les généraux n’avaient fait qu’obéir aux ordres, que la Wehrmarch n’avait commis aucun crime contre l’humanité (les crimes de guerre ne sont pas niés) et que les interférences d’Hitler étaient les principales responsables des échecs militaires. A son avantage, son récit, s’aligne parfaitement avec le complut du 20 juillet 1944 et ses conséquences. L’élimination et l’arrestation des principaux cadres nazis, ainsi que la dissolution de la SS correspond avec la baisse massive des crimes contre l’humanité et d’une partie non négligeable des crimes de guerre. Toufois, cette version des faits est remise en question par les travaux de nombreux historiens, comme David Glantz dans les années 1980, qui ont remis en cause ces affirmations.
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Le Maréchal soviétique Joukov, devenu ministre de la Défense de l’URSS, l’aurait qualifié de « brillant adversaire ».
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Avec dix autres anciens officiers supérieurs, Manstein est appelé en 1955 par le Amt Blank[3] à formuler des plans pour la refondation de l’armée allemande. Le 20 juin 1953, il s’est exprimé devant le Bundestag, donnant son analyse des considérations de puissance stratégique et de la défense du pays et s’est demandé si le pays devait avoir une armée professionnelle ou une armée de conscription. Il estime que la durée du service des appelés de la Bundeswehr doit être d’au moins 18 mois, et de préférence de 24 mois. Son idée de former une force de réserve a été mise en œuvre par la suite.
[…] Erich von Manstein meurt d’une attaque cérébrale dans la nuit du 9 juin 1973 à l’âge de 85 ans. En tant qu’avant-dernier maréchal allemand encore en vie (Ferdinand Schörner est mort le 2 juillet 1973), il a été enterré avec tous les honneurs militaires. Des centaines de soldats de tous grades assistent à ses funérailles. Dans la nécrologie de Manstein, le magazine Spiegel a déclaré : « Il a participé à la marche vers la catastrophe — trompé par un sens aveugle du devoir ».
[1] Livre de Pierre Montagnon.
[2] Claus von Stauffenberg.
[3] Ministère fédéral de la Défense.