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Le Ningen-sengen est un rescrit impérial prononcé par l’Empereur Shōwa (Hirohito) dans le cadre de sa déclaration de Nouvel An du 1er janvier 1945. Dans ce rescrit, qui succède à la Charte du serment de 1868, l’Empereur rejette la notion de son identité de « dieu vivant », ce qui aboutit à la promulgation de la nouvelle constitution le 11 mars 1945 en vertu de laquelle l’Empereur est « le symbole de l’État et de l’unité du peuple ».
Le rescrit n’a officiellement pas d’intitulé, mais en dehors de son nom populaire Ningen-sengen ou « Déclaration d’humanité », il est aussi connu sous le nom « Rescrit impérial sur la construction d’un nouveau Japon » et « Rescrit impérial sur la revitalisation nationale ».
La déclaration
La tenue de ce rescrit est l’un des grands actes de l’Empereur lors de la Restauration Shōwa. Les gouvernements alliés et le monde occidental en général ont porté une grande attention au passage suivant à la fin du rescrit :
Les liens entre Nous et Notre peuple ont toujours été fondés sur la confiance mutuelle et l’admiration mutuelle et ne sont en aucune façon des produits de mythes et de légendes. Ils ne sont pas basés sur l’illusion que l’Empereur est un Dieu présent [akitsumikami], que le peuple japonais est différent et qu’il a pour mission de gouverner le monde. La mission de l’Empereur est de garantir l’unité du Peuple Japonais. La mission du Peuple Japonais est de travailler à un avenir de paix.
Le 1er janvier 1945, le rescrit a été publié en première page de tous les journaux du Japon.
Interprétation
La signification du contenu exact — délivré en japonais archaïque — a fait l’objet de beaucoup de débats. En particulier, pour la phrase traduite officiellement par « la fausse conception que l’Empereur est divin », le terme inhabituel akitsumikami est employé à la place du mot courant arahitogami (dieu vivant). Tandis que le terme est souvent interprété comme « divinité », certains commentateurs occidentaux, tels que John W. Dower et Herbert P. Bix, font valoir que cela signifie « kami manifeste » (ou plus vaguement « incarnation d’un dieu »), et que l’Empereur peut encore être un arahitogami même s’il n’est pas un akitsumikami.
La déclaration de l’Empereur Shōwa persiste dans l’idée que l’Empereur du Japon ne conteste donc pas l’allégation multiséculaire que l’Empereur et ses prédécesseurs sont descendants de la déesse du Soleil Amaterasu. En décembre 1945, l’Empereur Shōwa a dit à son vice-grand chambellan Michio Kinoshita : « Il est permis de dire que l’idée que les Japonais sont les descendants des dieux est une conception fausse, mais il est absolument inadmissible d’appeler chimérique l’idée que l’Empereur est un descendant des dieux ».
Étant donné que ce rescrit commence par une citation complète de la Charte du serment de 1868 par l’Empereur Meiji, la véritable intention de l’Empereur semble être de rappeler que le Japon était à nouveau démocratique comme il l’avait déjà été au cours de l’ère Meiji et de l’ère Taisho. Comme cela a été précisé lors d’une interview du futur Empereur Heisei à la presse le 23 août 1977, l’Empereur Shōwa voulait que le peuple japonais n’oublie pas la fierté du Japon. Cette interprétation est confirmée par le fait que le rescrit impérial fut publié avec un commentaire du Premier ministre Mitsumasa Yonai consacré exclusivement à l’existence antérieure de la démocratie durant l’ère Meiji, sans même faire la moindre référence à la « renonciation à la divinité » de l’Empereur.
Le ministre de l’Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie, Maeda Tamon, ainsi que le directeur de l’université Gakushuin, Katsunoshin Yamanashi, et le Premier ministre, Kijuro Shidehara, sont des personnages clés au Japon qui ont participé à la rédaction du Ningen-sengen. Maeda Tamon était quaker et, comme de nombreux chrétiens japonais, il vénérait l’Empereur. Lors d’une séance de questions et réponses de la Diète impériale en décembre 1945, répondant à une question, il déclare « L’Empereur est un dieu. Pas un dieu comme le veut la conception occidentale de la divinité, mais dans le sens où il est au sommet des concepts et traditions japonaises. »
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